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À moins de 100 jours des JO, les ratés d'un système de lutte antidrones inquiètent

Apr 29, 2024 Fabrication

Développé par Thalès, le système Parade, censé protéger le ciel parisien des attaques de drones lors de la cérémonie d'ouverture sur la Seine, enchaîne les déboires. Selon plusieurs sources sécuritaires, des tests effectués le mois dernier n'ont pas donné entière satisfaction.

Des trous dans le bouclier antidrones des JO de Paris 2024 ? La question est sur toutes les lèvres à moins de cent jours de la cérémonie d'ouverture. Selon différents médias français, plusieurs tests ont révélé des failles dans le système Parade, au cœur du dispositif français de lutte contre les engins hostiles.

Une série d'exercices menée courant mars n'aurait pas donné entière satisfaction. "Sur deux des sites où Parade a été testé, ça n'a pas fonctionné selon les performances attendues. C'est-à-dire que Parade arrête les drones, mais dans un périmètre bien plus restreint qu'attendu", a notamment confié un observateur de l'exercice Coubertin LAD 2 à l'hebdomadaire Marianne.

Selon Le Canard Enchaîné, ce test se serait même révélé moins réussi que lors de Coubertin LAD 1, le premier volet de cet exercice grandeur nature. À cette occasion, le système Parade aurait été capable de détecter seulement un drone malveillant sur trois à 800 mètres de distance.

"C'est embêtant que cela sorte publiquement mais oui, malheureusement, contrairement au discours officiel, tout ne fonctionne pas vraiment comme on voudrait", reconnaissait début avril à l'AFP une source sécuritaire de haut niveau.

Détecter, identifier, neutraliser 

Le lancement de drones explosifs filant sur une foule de 300 000 spectateurs réunis sur 6 km au bord de la Seine lors de la cérémonie d'ouverture constitue un calvaire sécuritaire pour les forces de l'ordre.

Avec une flotte estimée à près de 3 millions de drones en France, les armées, le ministère de l'Intérieur et la préfecture de police de Paris mettent les bouchées doubles pour éviter tout survol intempestif de la capitale.

"Les drones représentent une menace de très haut niveau car ils sont faciles à utiliser, il y en a énormément dans l'Hexagone et les convertir en arme est simple et très abordable. Cela ne nécessite pas une grande organisation logistique", analyse le consultant défense Marc Chassillan.  

Pour contrer cette menace, le consortium Thales et CS Group a été choisi en avril 2022 après un appel d'offres de la direction générale de l'armement (DGA) : un contrat à 350 millions d'euros sur onze ans. Objectif : le déploiement de Parade, présenté comme "un système évolutif, modulaire et multimissions" de lutte antidrones.

"Parade est constitué d'un ensemble de radars et de caméras capables de détecter et de caractériser la menace. Le système est complété par un goniomètre qui repère les émissions radio qui guident le drone", détaille Marc Chassillan. "Viennent ensuite les contre-mesures : le brouillage pour immobiliser ou modifier la trajectoire, ou encore l'intervention d'un drone policier équipé d'un filet pour capturer l'engin malveillant", ajoute l'expert.

L'objet peut également être directement abattu – une procédure utilisée en ultime recours car l'explosion d'un drone génère des débris susceptibles de blesser, voire tuer, des personnes au sol.  

Retard à l'allumage 

Le manque d'efficacité constaté lors des derniers tests s'ajoute à une série de déconvenues pour Parade. Prévue en juin 2023, la première livraison de six systèmes a accusé plusieurs mois de retards. Un premier raté qui a conduit à l'ouverture d'une mission d'information de la commission Défense du Sénat.

Son président, le sénateur Les Républicains Cédric Perrin, s'est montré à plusieurs reprises très critique à l'égard du système développé par Thales. Les sénateurs ont finalement annoncé le 20 mars que leur rapport ne serait pas rendu public. Le 2 avril, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a clôturé les auditions à huis clos de la mission d'information alimentant les inquiétudes qu'inspire la sécurisation des Jeux.

"La décision de ne pas rendre le rapport public a été prise de manière collégiale à l'issue des auditions menées par le bureau de la commission. Mais il est vrai que le système Parade qui a été testé à plusieurs reprises n'a pas donné entière satisfaction. Le ministère de la Défense, la DGA et de l'armée de l'air en sont parfaitement conscients", reconnaît le sénateur LR et corapporteur Philippe Paul.  

Thales sera-t-il en mesure de perfectionner Parade avant le début de la compétition ? "Le temps de former le personnel, de perfectionner sensiblement le système, ça paraît impossible", avait estimé au début du mois une source sécuritaire interrogée par l'AFP. 

Le défi de la lutte antidrones

Récemment, l'armée de l'air semble avoir commencé à envisager une alternative avec l'acquisition de systèmes antidrones Bassalt, fabriqués par la filiale du groupe ADP (anciennement Aéroports de Paris) Hologarde.

"Il faut bien comprendre que le système Parade n'est pas le seul matériel qui va être utilisé pour la lutte antidrones pendant les Jeux olympiques. Il fera partie d'un tout impliquant différents systèmes utilisés par le ministère de l'Intérieur, Aéroports de Paris, l'armée de l'air et la gendarmerie", énumère Philippe Paul.

Malgré ces différentes "couches" censées combler les éventuelles trous dans la raquette, la lutte antidrones au cœur de la capitale reste un défi colossal pour les forces de sécurité, en particulier pendant la cérémonie d'ouverture du 26 juillet. 

"Pour un radar antidrones, un environnement urbain est extrêmement difficile et nécessite un traitement du signal. Les arbres, les immeubles, les monuments complexifient la détection car ils forment des obstacles qui vont faire écran et permettre à un drone de surgir au dernier moment", précise Marc Chassillan.

"L'autre grande crainte, c'est l'essaim de drones et son effet de saturation. Si 150 engins foncent sur la foule lors de la cérémonie d'ouverture mais que vous en laissez passer un, cela suffit à gâcher à la fête. D'autant que la Seine est comme un canyon avec de nombreuses rues perpendiculaires qui sont autant de couloirs d'accès pour des drones", poursuit l'expert.

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