Des employés d’ArcelorMittal sur le site de Dunkerque,à Mardyck (Nord),le 11 février 2022. FRANCOIS LO PRESTI / AFP Dimanche 9 juin,le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête aux élections européennes dans de nombreuses villes industrielles,partout en France,avec des scores impressionnants. A Fos-sur-Mer ou La Ciotat (Bouches-du-Rhône),la liste conduite par Jordan Bardella a obtenu 53,81 % et 39,98 % des voix exprimées ; plus de 36 % à Belfort ou au Creusot (Saône-et-Loire),31 % dans le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques)… En Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Hauts-de-France,deux régions industrialisées,le parti d’extrême droite a recueilli respectivement 30,9 % et 42,41 % des suffrages.
L’un des scores les plus frappants a été obtenu à Dunkerque (Nord) et dans son bassin industriel,en pleine renaissance depuis deux ans,avec notamment l’installation de plusieurs gigafactories (grandes usines) pour produire des batteries pour véhicules électriques. La « vallée de la batterie » dunkerquoise est présentée par les pouvoirs publics comme la vitrine de la réindustrialisation française,moderne et décarbonée. A Dunkerque,le RN a réalisé 38,35 %,un score élevé mais presque moyen comparé à ceux obtenus dans les communes voisines de Gravelines (48,76 %),qui abrite une centrale nucléaire et doit accueillir deux nouveaux EPR2,ou de Loon-Plage (56,77 %),où sont installés ArcelorMittal et Aluminium Dunkerque.
« La montée de l’extrême droite est un processus qui dure depuis plusieurs décennies et qui ne va pas s’éteindre en quelques années,c’est devenu un vote ancré,d’adhésion et même parfois d’espoir »,regrette Patrice Vergriete,ministre délégué aux transports,ancien maire de Dunkerque de 2014 à 2023 et principal artisan du renouveau industriel de la ville. Pour M. Vergriete,la réindustrialisation ne peut tout régler seule et n’est qu’« une réponse partielle à un phénomène plus large en France,la métropolisation »,qui suppose,pour répondre aux attentes des citoyens,une action coordonnée en matière d’aménagement du territoire,d’emploi,de logement et de transport.
Longtemps,la cité corsaire du Nord a été une des villes martyres de la désindustrialisation française des quatre dernières décennies. Les fermetures,en particulier celles du chantier naval (en 1987) et de la raffinerie TotalEnergies (en 2010),ont provoqué la suppression de milliers d’emplois. Depuis 2022,les nouveaux projets industriels changent progressivement l’image de la commune. Les gigafactories du taïwanais ProLogium et du français Verkor,et les usines de recyclage de batteries des groupes Suez-Eramet et XTC-Orano,promettent vingt mille créations d’emplois directs durant la prochaine décennie et autant d’indirects. Des postes d’opérateurs,de techniciens,d’ingénieurs…
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