Une volte-face au pied du mur. A la veille de ce qui devait être la date de l’offre de rachat par le milliardaire catholique conservateur Pierre-Edouard Stérin et à trois jours de la date butoir des négociations exclusives avec le groupe CMI du tchèque Daniel Kretinsky,la rédaction de Marianne s’est finalement cabrée,s’opposant à la vente du magazine à M. Stérin.
Parmi les journalistes de l’hebdomadaire votant jeudi 27 juin au soir,80 % ont validé l’idée d’une grève reconductible qui commencera vendredi 28 juin à partir de 6 heures du matin,deux jours avant le premier tour des législatives anticipées. Son but ? L’arrêt définitif des négociations avec M. Stérin ou le refus de l’offre de rachat par le fondateur de Smartbox.
« La directrice de la rédaction,Natacha Polony,nous a assuré ce soir,peu après 20 heures,que la vente était suspendue après discussions avec Alban du Rostu et Denis Olivennes [les émissaires de MM. Stérin et Kretinsky]. Mais cela ne nous convainc pas,on veut l’arrêt total de la vente »,expliquait une journaliste sous couvert d’anonymat,quelques minutes après le vote de la grève. Contactés à propos de cette suspension,Mme Polony,M. Olivennes,ainsi que M. Stérin n’ont pas répondu à nos questions.
Moins d’une semaine avant pourtant,vendredi 21 juin,la même rédaction pensait avoir tranché la question. Les journalistes de l’hebdomadaire – créé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran – avaient répondu non à la question « la rédaction doit-elle s’opposer au rachat par Pierre-Edouard Stérin,quelles que soient les garanties d’indépendance obtenues ? »,à 60,3 % des voix. La majorité des journalistes estimait ainsi que les garanties d’indépendance qu’ils avaient arrachées – l’approbation par la rédaction de son directeur et sa représentation au sein du futur conseil d’administration – allaient protéger le journal des possibles immixtions de son futur actionnaire. Une partie,minoritaire,jugeait que l’antagonisme entre les valeurs fondatrices du magazine et M. Stérin restait trop profond.
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