Le président français,Emmanuel Macron,lors du forum nucléaire franco-tchèque,à Prague,le 5 mars 2024. LUDOVIC MARIN / AFP Le premier ministre conservateur tchèque,Petr Fiala,avait parlé de « marché du siècle ». Et pour cause : le choix de l’entreprise qui construira de nouveaux réacteurs nucléaires est lourd de conséquences financières et technologiques à long terme pour le pays. En dépit des efforts diplomatiques intenses entrepris par la France ces derniers mois pour le convaincre de privilégier les EPR d’EDF,M. Fiala a finalement annoncé,mercredi 17 juillet,que son gouvernement avait opté pour l’offre du coréen KHNP.
« L’offre coréenne était meilleure sur tous les critères évalués »,a déclaré M. Fiala aux journalistes,à la sortie du conseil des ministres ayant entériné sa décision. Son pays va donc ouvrir des négociations exclusives avec KHNP pour la construction de deux réacteurs APR1000 d’une capacité de 1 050 mégawatts à Dukovany,une centrale située dans la région de Vysocina (sud). Selon Prague,KHNP a décroché le marché en proposant un prix de 200 milliards de couronnes (près de huit milliards d’euros) par réacteur,à laquelle s’ajoute une option pour deux réacteurs supplémentaires pour la centrale de Temelin.
D’après une source gouvernementale tchèque,cette victoire coréenne s’explique moins par une différence de prix que par les garanties apportées par KHNP en cas de retard,alors que les dérapages des chantiers des EPR d’EDF en Finlande et au Royaume-Uni ont pesé dans la balance.
« Le soumissionnaire retenu a offert des garanties plus fiables de contrôle des coûts,ainsi que du calendrier de l’ensemble du projet »,a ainsi justifié le ministre de l’industrie et du commerce,Jozef Sikela. « Nous avons un calendrier clairement défini,qui prévoit une date fixe pour le début et l’achèvement de la construction,sous peine de sanctions. L’offre du soumissionnaire qui a été choisie était plus satisfaisante à cet égard »,a aussi insisté Daniel Benes,le directeur de CEZ,la société d’électricité tchèque publique exploitante de la centrale de Dukovany.
Ceux-ci doivent remplacer les quatre anciens réacteurs de conception soviétique de Dukovany,qui doivent fermer d’ici à 2035. Farouche adepte du nucléaire,le pays d’Europe centrale,qui compte dix millions d’habitants,vise également à augmenter la part de l’atome dans son mix énergétique pour remplacer ses anciennes centrales au charbon. Ces dernières doivent être mises à l’arrêt d’ici à 2033.
Il vous reste 41.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
© Affaires Officielles