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Le marché du piano s’effondre en Chine, reflet des difficultés de la classe moyenne : « On préfère faire attention »

Aug 22, 2024 Entreprise IDOPRESS

Une manufacture de piano à Yichang,dans la province chinoise du Hubei,le 23 novembre 2021. XIAO YIJIU / AP M. et Mme Yao ont le temps de recevoir : les propriétaires de Girod,une petite usine de pianos de Luoshe,un comté rural de la municipalité de Huzhou,à l’ouest de Shanghaï,ont décidé d’arrêter la production cet été. Depuis le début de 2024,les commandes ont fondu et les stocks ont gonflé. Le couple préfère les écouler – quelques dizaines de pianos droits noirs,blancs ou finitions bois,entreposés dans un hangar de tôle,dans l’attente de jours meilleurs. « [En 2023],c’était déjà dur,mais cette année,les ventes sont vraiment terribles. Notre voisin a mis la clé sous la porte,comme tant d’autres à Luoshe. » Plusieurs dizaines de fabricants ont cessé leur activité,estiment-ils.

Longtemps symbole de statut social pour les familles de la classe moyenne,au point de faire de la Chine le premier marché au monde pour le piano,le prestigieux instrument n’a plus la cote. Le voilà victime de la morosité économique ambiante. De fait,la consommation n’est jamais vraiment repartie depuis la fin de la politique zéro Covid,début 2023,sur fond de crise immobilière. Les ménages n’ont plus confiance dans l’avenir et évitent les achats non essentiels. D’autres changements touchent plus particulièrement le piano : depuis une réforme de l’éducation,en 2021,les jeunes musiciens de talent n’ont plus droit à des points supplémentaires pour entrer à l’université.

Au début de l’année,la situation des deux principaux fabricants chinois,Hailun et Pearl River,a révélé l’ampleur de la crise au grand public. Au premier trimestre,le chiffre d’affaires des deux groupes cotés à la Bourse de Shenzhen a fondu d’environ 40 % sur un an,et ceux-ci ont affiché des pertes. « On voyait bien que ça allait mal,mais ça a été un choc »,témoigne Deng Shurou,27 ans,qui enseigne le piano à Shanghaï. La jeune femme a quitté une école privée il y a un an pour se lancer seule et ne le regrette pas. En effet,la chaîne d’écoles qui l’employait,Roland Music,a fait faillite fin juillet.

Depuis,elle peine à trouver des élèves. Baisse de la natalité,ralentissement de l’économie,réforme scolaire : elle énumère les facteurs négatifs,mais tient surtout à souligner des changements sociaux. « Depuis la fin de la période Covid,les familles partent davantage en vacances ou en week-end. Cela fait moins de temps pour les cours. Beaucoup d’enfants abandonnent aussi parce que ça ne leur plaît pas. Les parents font plus attention à ce que ressentent les enfants que pour ma génération »,note l’enseignante,qui reçoit dans son petit appartement du centre de Shanghaï,où trône un piano droit d’une marque japonaise. Pour arrondir ses fins de mois,elle a expérimenté d’autres activités,comme vendre des bijoux sur un étal devant un centre commercial. Sans grand succès.

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