Un policier antiémeute brandit un lanceur de balle de défense lors d’une manifestation,à Rennes,le 6 juin 2023. DAMIEN MEYER/AFP Un changement de ton. Pour son rapport annuel publié mardi 19 novembre et consacré à l’année 2023,marquée par la mobilisation contre la réforme des retraites et les émeutes consécutives à la mort de Nahel,un jeune de 17 ans tué par un tir policier à Nanterre,l’inspection générale de la police nationale (IGPN) se fait moins austère. Des inflexions qui laissent deviner l’influence grandissante d’Agnès Thibault-Lecuivre,première magistrate à diriger la « police des polices »,arrivée en 2022,sur la communication d’une institution jusque-là habituée à travailler dans un silence quasi monastique.
A la place des habituels sommaires linéaires,le rapport s’ouvre sous la forme d’un abécédaire. A la lettre X,on retrouve le mot « xyloglotte »,qui désignerait « des propos qui relèvent de la langue de bois ». « Xyloglotte,un mot de la langue française que nous ne faisons pas nôtre à l’IGPN ! »,revendique ainsi le rapport. En renfort de cette affirmation,le document consacre une place inédite aux critiques formulées à l’encontre de l’institution,tels que les soupçons « de partialité en faveur des policiers » issus du grand public,et les accusations de « sévérité excessive (…) envers les policiers mis en cause » répandue parmi les fonctionnaires de police.
Pour y répondre,l’IGPN veut faire œuvre de pédagogie,en rappelant les grands principes sur lesquels repose son travail : enquêtes judiciaires sous la direction de magistrat,enquêtes administratives indépendantes,aucun pouvoir de sanction… Passé la théorie,l’argumentaire fait l’impasse sur certaines réalités pratiques qui font les faiblesses de l’inspection : sous-effectifs,influence possible sur les évolutions de carrière des inspecteurs,ou encore audits internes commandés par le pouvoir politique.
A côté de cette communication renouvelée,le rapport annuel présente de façon plus classique les grands chiffres de l’activité de l’IGPN,notamment en matière de suivi de l’usage des armes. Concernant les grenades de désencerclement,une arme « susceptible de causer des dommages corporels plus ou moins importants »,selon l’IGPN,5 263 utilisations ont été recensées en 2023,plus du double de l’année précédente. Près de la moitié d’entre elles (2 506 grenades) ont été utilisées en seulement neuf jours,pendant les émeutes de l’été,et un autre quart a été consacré aux manifestations contre la réforme des retraites.
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