Des étudiants manifestent contre l’islamophobie devant le campus de Sciences Po Grenoble,à Saint-Martin-d’Hères (Isère),le 9 mars 2021. PHILIPPE DESMAZES/AFP La relaxe est confirmée pour les dix-sept étudiants de Sciences Po Grenoble,qui étaient encore poursuivis pour avoir mis en cause en 2021 deux enseignants,accusés d’islamophobie. Jugeant que leurs propos « n’ont pas dépassé les limites de liberté d’expression [des étudiants] » telle que définie dans le code de l’éducation,le tribunal administratif de Clermont-Ferrand,dans une décision du 21 novembre,a validé les conclusions retenues à l’unanimité trois ans auparavant par la commission de discipline de l’université de Clermont-Auvergne. L’affaire avait été dépaysée.
Le recteur de la région académique Auvergne-Rhône-Alpes,Olivier Dugrip,avait demandé au tribunal administratif d’annuler la décision de la commission de discipline du 19 novembre 2021,estimant qu’elle se trouvait « entachée d’erreurs de fait et d’appréciation ». M. Dugrip avait ainsi produit trois courriels adressés à la direction de l’institut d’études politiques (IEP) et deux autres messages ayant fait l’objet d’une diffusion publique via les réseaux sociaux de l’Union syndicale,organisation majoritaire à laquelle appartenaient les dix-sept étudiants poursuivis.
Dans un mail du 9 janvier 2021,les élus de l’Union syndicale avaient ainsi demandé à la directrice de l’IEP,Sabine Saurugger,de « statuer » sur le cas d’un des deux enseignants,Klaus Kinzler,qui s’était opposé à reconnaître la place du mot « islamophobie » dans l’intitulé d’une conférence. Ils attendaient de la directrice qu’elle prenne « des mesures pour lutter contre l’islamophobie dans l’établissement ». Sur les réseaux sociaux,le syndicat était allé plus loin,réclamant « que des actes concrets soient pris »,notamment la suppression du cours sur l’islam dispensé par le second professeur incriminé,Vincent Tournier. Enfin,le 22 février,par un « appel à témoignages » publié sur Facebook,l’Union syndicale invitait les étudiants à dénoncer anonymement les propos islamophobes qui auraient pu être tenus dans ce cours.
Pour le juge administratif,« au regard du ton et des termes utilisés,ces messages n’ont pas dépassé les limites de liberté d’expression [des étudiants] à l’égard du fonctionnement de ce service public ». Finalement,ces messages tenus par une organisation syndicale n’ont pas été « de nature à porter atteinte à l’ordre,au bon fonctionnement ou à la réputation » de Sciences Po Grenoble.
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