Emmanuel et Brigitte Macron,lors de la réception du premier ministre indien,Narendra Modi,au Musée du Louvre,à Paris,le 14 juillet 2023. LUDOVIC MARIN / AFP Rares sont les occasions de se faufiler dans les coulisses du palais de l’Elysée et de plonger dans ses dépenses. La publication du rapport annuel de la Cour des comptes sur la gestion des services de la présidence de la République est de ces moments-là. Son dernier audit,mis en ligne le lundi 29 juillet,épingle la gestion du palais en 2023. Elle relève un montant record de charges – 125 millions d’euros – insuffisamment compensé par des produits,créant un déficit tout aussi inédit – 8,3 millions d’euros.
Contacté,l’Elysée nie ce déficit. Le budget « est à l’équilibre »,l’écart « ayant été [comblé] par de la trésorerie dont la présidence dispose »,selon un communiqué du palais.Pour faire face à ses dépenses,l’Elysée a puisé dans ses réserves. Cette situation n’est pas tenable,alertent les magistrats financiers : « Des efforts significatifs devront être entrepris,dès 2024,afin de rétablir et pérenniser l’équilibre. » D’autant que ce dérapage est en partie lié à des choix de l’Elysée. « Si plusieurs facteurs externes expliquent ce niveau de dépenses non anticipé (…),des facteurs internes sont à prendre également en compte (…) et nécessitent une vigilance accrue »,poursuit la Cour des comptes.
Les magistrats financiers se sont intéressés au service chargé des déplacements et des événements,comme l’exposition « Fabriqué en France »,la Fête de la musique,les Journées européennes du patrimoine ou encore les rencontres d’Etat. « Son budget initial 2023 a ainsi été augmenté de près de 45 % en cours d’exercice et la quasi-totalité des crédits a été consommée,soit plus de 31 millions d’euros (22 millions,en 2022) »,note la Cour. En cause : la multiplication des événements et l’inflation,mais aussi « l’augmentation du nombre d’invités et du coût moyen par personne ».
Le second,donné à l’occasion de la visite du roi d’Angleterre,Charles III,s’est déroulé,en septembre,dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Le menu des quelque cent cinquante convives est imaginé par les plus grands chefs français – Anne-Sophie Pic,Yannick Alléno et Pierre Hermé : homard bleu,volaille de Bresse et cèpes,macaron rose,framboise,litchi. Les invités sont tout aussi prestigieux : le patron du groupe de luxe LVMH,Bernard Arnault,l’entrepreneur des télécoms Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde),l’animateur Stéphane Bern,le romancier Ken Follett,ou encore les actrices Kristin Scott Thomas et Charlotte Gainsbourg. Cette fois,l’Elysée a déboursé 475 000 euros. Le report de la visite du roi,initialement prévue en mars et annulée en raison des manifestations contre la réforme des retraites,a alourdi la facture de 80 000 euros.
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