Dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes,à Saint-Sulpice-La-Pointe (Tarn),le 4 janvier 2023. CHARLY TRIBALLEAU / AFP « Cette odeur d’urine dès qu[’elle] entre dans l’Ehpad » la désespère. A chaque visite,Monique Plazzi,vice-présidente socialiste chargée de l’accompagnement à la perte d’autonomie et au handicap du département de la Haute-Vienne,repart avec « le moral à zéro ». Car elle connaît l’origine de « l’odeur » : la directrice de l’établissement ne « change plus quatre fois par jour,comme avant,les papis et les mamies »,confie l’élue. Elle a dû réduire son « budget couches » pour faire des économies tant l’Ehpad est « dans le rouge ».
Dans la Haute-Vienne,près de 80 % des maisons de retraite sont en déficit. En France,c’est le cas de deux établissements sur trois,selon les statistiques des acteurs du secteur. « Les Ehpad traversent une crise de confiance sans précédent,jumelée à une situation économique intenable,à cause d’un modèle de financement à bout de souffle »,résume Stéphane Junique,président du groupe mutualiste VYV,qui compte 224 Ehpad. Bénéficiaires,à hauteur de 5 millions d’euros en 2019,ils accusent,depuis un an,un « trou » de 15 millions d’euros. « La situation n’a jamais été aussi détériorée »,assure-t-il.
La crise financière généralisée du secteur,dont les assises doivent s’ouvrir mardi 10 septembre à Paris,s’est étendue depuis deux ans,avec des effets négatifs indéniables sur la qualité de la prise en charge des résidents,sans que les solutions mises en œuvre suffisent à l’endiguer.
Outre la désaffection du public,la hausse inédite des charges salariales,liée notamment aux accords du Ségur de la santé,en 2020,mais aussi au recours à l’intérim,se conjuguent avec l’inflation du coût de l’énergie et des denrées alimentaires,pour venir grever les budgets des établissements. Sans compter l’accès aux emprunts bancaires,qui s’est durci. Résultat : les Ehpad n’ont plus la capacité de « financer les investissements nécessaires » pour faire face « aux défis démographique et épidémiologique »,constate,dans une note publiée en juin,le cercle de réflexion Matières grises,qui fédère les grands groupes commerciaux du secteur.
Il vous reste 74.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
© Affaires Officielles