Le sentiment d’impunité du grand banditisme en Corse n’est pas un vain mot. Le 30 octobre,à la mi-journée,Jean-Noël Marcellesi,une figure économique de l’île,hôtelier et promoteur immobilier,dit avoir reçu,dans son agence de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud),la visite de quatre hommes venus lui réclamer,sous la contrainte,le versement de 500 000 euros. Leur arrivée sur les lieux serait attestée par plusieurs témoins.
Le 1er novembre,M. Marcellesi a dénoncé ces pressions à la justice et déposé une plainte pour « tentative d’extorsion de fonds en bande organisée »,« menaces de mort » et « violence ». Le parquet du tribunal judiciaire d’Ajaccio a ouvert,dans la foulée,une enquête en flagrance,qui était toujours en cours mercredi 6 novembre au soir. « On prend très au sérieux la dénonciation de ces faits »,indique au Monde le procureur de la République d’Ajaccio,Nicolas Septe. Avant d’ajouter : « En Corse,les menaces sont,malheureusement,souvent suivies d’effet. De plus,il est rare que les victimes de racket s’adressent à la justice. »
Face aux enquêteurs,la victime présumée a assuré que ses agresseurs avaient fait allusion devant lui aux violences commises contre l’un de ses fils,Guillaume,le 17 janvier 2023. Il avait été gravement blessé dans un bureau de la carrosserie d’un ami,à Porto-Vecchio. La vidéosurveillance avait filmé les faits,et Antoine Bornea- dont le conseil,contacté,n’a pas souhaité s’exprimer - est aujourd’hui poursuivi pour « violences » dans ce volet. Les enquêteurs s’interrogent sur l’existence de liens entre les deux événements. La tentative d’extorsion visant M. Marcellesi intervient en effet une semaine après sa confrontation avec M. Bornea dans le dossier concernant son fils.
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