Scandaleux,fins politiques ou dotés d’une fibre sociale : l’histoire de la papauté est façonnée par des figures aussi diverses que passionnantes,comme le montrent ces trois livres parus récemment.
Explorer les « tensions profondes » qui traversent la position du catholicisme conduit Jacques-Benoît Rauscher à un essai de généalogie des figures du migrant,depuis le « migrant travailleur » du XIXe siècle au « migrant réfugié » du XXe. Ces mutations expliquent à ses yeux certains anachronismes dans le discours officiel actuel : le propos pastoral du XIXe siècle destiné aux migrants travailleurs a largement demeuré,malgré les mutations de l’exil.
Déclinant ensuite les figures bibliques de l’étranger,Jacques-Benoît Rauscher dégage une « deuxième frontière »,liée à l’universalité du message évangélique,ouvrant à un accueil total que nuancera plus tard la tradition de l’Eglise. S’inscrivant dans cette lignée,et s’appuyant en particulier sur saint Thomas d’Aquin,Jacques-Benoît Rauscher propose à son tour deux pistes – sur le seuil de possibilité matérielle de l’accueil et le lien social face à l’intégration de l’autre – en vue d’approfondir la doctrine sociale de l’Eglise à l’aune des enjeux du XXIe siècle. Y. B.
« Les frontières d’un discours. Les papes et l’accueil de l’étranger »,18 euros
Le professeur à la State University de New York dit chercher à comprendre,dans la « personnalité hors du commun » de Barnaba Chiaramonti,nom civil de ce pape natif de Cesena (Romagne),« ce qui l’a préparé à affronter les nombreux défis » de sa carrière ecclésiale,de l’invasion du nord de la péninsule italienne par la France révolutionnaire en 1796 à la signature du concordat avec la France en 1801,en passant par ses relations tourmentées avec Napoléon,à qui il refuse,malgré la menace militaire que l’Empereur fait peser sur les Etats pontificaux,de prêter main-forte face à l’Angleterre et de soumettre son pouvoir « temporel ».
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