Le président camerounais Paul Biya (à gauche) et son épouse Chantal Biya (à droite) lors du défilé du 20 mai marquant la 51e célébration de la Journée de l’unité à Yaoundé,le 20 mai 2023. AFP
Manifestations inédites
Un important sujet de défiance,au Cameroun comme ailleurs sur le continent,concerne le manque d’employabilité,notamment à des postes qualifiés pour lesquels ces jeunes,ou leurs parents,ont beaucoup investi. Dans les grandes capitales,il est fréquent de rencontrer des comptables ou des logisticiens qui,faute d’occasion professionnelle dans leur secteur et sans aucune indemnité de chômage,gagnent leur vie comme chauffeur ou encore en boursicotant en ligne des cryptomonnaies (dont l’immense succès en Afrique apparaît à peine sur le radar de leurs gouvernants). Le phénomène n’est pas près de se dissiper : environ 10 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année,pour 3 millions de postes disponibles,répète à l’envi la Banque africaine de développement.
Le coût des biens essentiels,soumis à une forte inflation ces dernières années,constitue un autre point de friction. Au Kenya,en juin,la colère de la jeunesse contre la nouvelle loi de finances,qui créait ou augmentait plusieurs taxes – dont celles sur les voitures individuelles –,a conduit à des manifestations inédites et à une spectaculaire intrusion dans le Parlement. La génération Z (née après 1997),qu’on disait éloignée de la politique,a obtenu,à la surprise de ses aînés,un retrait de la loi controversée et un remaniement du gouvernement.