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Aux Etats-Unis, l’insatiable appétit d’électricité de la tech inquiète

Jun 19, 2024 Vie IDOPRESS

C’était en 2020 : Microsoft s’engageait à avoir des émissions carbones négatives d’ici à 2030. Quatre ans plus tard,le bilan est catastrophique : les émissions de la firme fondée par Bill Gates ont augmenté de 30 %,sous-traitants compris. « Cette hausse provient principalement de la construction de davantage de data centers »,écrit le groupe dans son rapport annuel,publié début mai. « En 2020,nous avons dévoilé notre projet de décrocher la lune en matière de réduction carbone. C’était avant l’explosion de l’intelligence artificielle [IA] »,a déclaré,à l’agence Bloomberg,Brad Smith,vice-président de Microsoft chargé du développement durable. Aujourd’hui,constate-t-il,« la lune est cinq fois plus éloignée qu’elle ne l’était en 2020 ».

Les géants du numérique américains,avec leurs centres de données gigantesques,sont devenus des gouffres énergétiques et le phénomène va en s’amplifiant avec les besoins en calcul liés à l’intelligence artificielle. Selon le dernier rapport,publié en janvier par l’Agence internationale de l’énergie (AIE),les Etats-Unis abritent le tiers des 8 000 data centers de la planète. Et leur part dans la consommation d’électricité du pays devrait bondir de 4 % à 6 % entre 2022 et 2026,passant de 200 à 260 térawattheures,soit environ l’équivalent de la production de 43 réacteurs nucléaires.

Entre juillet 2023 et fin juin,Microsoft aura dépensé quelque 50 milliards de dollars (46,44 milliards d’euros) pour ses centres de données et la tendance devrait se poursuivre. « La réponse n’est pas de ralentir l’expansion de l’IA,mais d’accélérer les travaux nécessaires pour la rendre plus respectueuse de l’environnement »,a précisé M. Smith. La firme s’efforce d’arriver avec son énergie renouvelable clés en main. Début mai,elle a annoncé avoir signé un accord avec le canadien Brookfield Asset Management pour investir plus de 10 milliards de dollars dans le développement de capacités d’énergies renouvelables pour ses centres de données.

Effet de ciseau

Pour réduire leur empreinte carbone,les groupes américains utilisent toute une série de mécanismes plus ou moins crédibles. Dans certains cas,ils achètent des crédits d’énergie renouvelable pour prétendre qu’ils utilisent de l’énergie verte,mais cette technique s’apparente à acheter des droits à polluer. Et,de plus en plus,ils concluent des accords d’achat d’électricité verte.

Il est vrai que les conditions deviennent de plus en plus strictes : un décret signé par le président américain,Joe Biden,fin 2021,exige qu’en 2030 la moitié de l’électricité soit utilisée à l’heure où elle est produite et dans la région de consommation. Bref,on ne peut pas prétendre utiliser la nuit à New York de l’énergie solaire produite le jour au Texas. Cette règle évite un flou trompeur. Parfois,à écouter les entreprises new-yorkaises,on a le sentiment qu’il existe dix chutes du Niagara tant chacun se prévaut d’utiliser l’énergie renouvelable de la célèbre cataracte.

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