Historien des élites économiques en France et en Allemagne,directeur de recherches au CNRS au laboratoire Triangle,à Lyon,Hervé Joly a récemment publié une Histoire de l’Ecole polytechnique (La Découverte,128 pages,11 euros).
Or on sait aujourd’hui que le patronat allemand était peu engagé en faveur du parti nazi avant 1933,à quelques individualités marginales et isolées près,et qu’il était au contraire méfiant à l’égard d’un mouvement dont le programme politique,qui comportait des atteintes à la liberté d’administration des entreprises,lui paraissait aventureux. Si les nazis sont arrivés au pouvoir,c’est d’abord parce qu’ils ont gagné à deux reprises en 1932 les élections au Reichstag,même s’ils n’ont pas eu la majorité absolue,et que les partis démocratiques n’ont pas réussi à s’entendre pour les tenir à l’écart du pouvoir…
De même,la « trahison » patronale de 1940 ne tient pas : Léon Blum n’était plus au pouvoir depuis longtemps en septembre 1939,et les communistes étaient neutralisés par le pacte germano-soviétique. On ne peut pas accuser le patronat d’avoir particulièrement joué la carte fasciste ou nazie ; les engagements en faveur des ligues nationalistes,ou même de l’organisation clandestine la Cagoule,comme celui du patron du fondateur de l’alors modeste entreprise Monsavon,devenue L’Oréal,Eugène Schueller,sont restés isolés.
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