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« Une emprise physique et spirituelle » : le combat de trois jeunes femmes victimes d’un prêtre lazariste

Sep 13, 2024 Vie IDOPRESS

SEVERIN MILLET Un jeudi soir,fin avril 2023,plusieurs animateurs encadrant des lycéens se reposent après une journée bien chargée lors d’un pèlerinage à Lourdes (Hautes-Pyrénées). Léa(les prénoms ont été modifiés) fait partie du groupe. Petit à petit,la discussion dévie sur les violences sexuelles dans l’Eglise. La jeune femme,aujourd’hui âgée de 25 ans et qui dit avoir « donné [sa] vie à l’Eglise »,pour laquelle elle travaille encore,après des études de théologie et un bac canonique,maîtrise le sujet : durant son cursus,elle a planché pendant un an sur le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) de 2021. Mais au bout de quelques minutes,ses mains se mettent à trembler,les flashs lui reviennent,elle se met à l’écart,ne sent plus ses jambes,fait une crise de panique. Un proche,responsable du groupe,vient s’enquérir de son état. Alors,pour la première fois,Léa raconte à quelqu’un ce qu’elle a vécu six ans plus tôt.

Comme deux autres victimes dont Le Monde a recueilli les témoignages,la jeune femme accuse d’agression sexuelle le père Vincent G.,un prêtre lazariste (une congrégation fondée par saint Vincent de Paul,s’attachant notamment à l’évangélisation des pauvres). Pour Léa,les faits datent de 2017,quand elle avait à peine 18 ans,et sont désormais prescrits. Contacté,le parquet de Nanterre confirme que « deux plaintes concernant trois victimes de faits d’agression sexuelle » lui ont été transmises,dont il s’est dessaisi au profit du « procureur de la République du domicile de l’auteur présumé,le procureur du tribunal judiciaire de Dax ». Ce dernier préfère ne pas faire de commentaire à ce stade.

Les trois femmes interrogées par Le Monde,qui ont longtemps cru être seules,regrettent une gestion opaque de leurs histoires par l’Eglise. Selon elles,l’institution ecclésiastique a laissé faire le prêtre et n’a pas apporté de sanctions adéquates,alors que les premières plaintes en interne remontaient au début des années 2000. Selon le site de la Congrégation de la Mission (les lazaristes),Vincent G.,âgé de 60 ans aujourd’hui,a été « principalement en mission auprès d’adolescents » et joue un rôle d’animateur « auprès des jeunes voyageurs pour le temps des pèlerinages ». L’homme réside actuellement à l’église du Berceau,à Saint-Vincent-de-Paul,près de Dax (Landes). Un lieu de passage de nombreux pèlerins,s’étonnent plusieurs observateurs. De son côté,Mgr Nicolas Souchu,évêque du diocèse d’Aire-et-Dax,assure que le père G. « n’a plus de mission dans le diocèse ».

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