Gisèle Pelicot et l’un de ses avocats Stéphane Babonneau (à droite),au palais de justice d’Avignon,le 10 septembre 2024. CHRISTOPHE SIMON / AFP Ces quatre-là sont les cas les plus spectaculaires,pas les plus représentatifs. Quatre exceptions,un groupe à part au sein de la multitude d’hommes jugés pour viols devant la cour criminelle du Vaucluse. Parmi les 50 coaccusés de Dominique Pelicot qui se succèdent à la barre depuis cinq semaines,40 sont venus une seule fois à Mazan. Six autres sont revenus une deuxième fois. Et puis il y a ces quatre-là,qui sont venus,revenus,et revenus encore. Et encore. Et encore. Et encore. Six fois en tout.
Le premier de ces multirécidivistes – qui comparaissent tous détenus – avait été entendu début octobre par la cour : Jérôme V.,six passages à Mazan entre mars et juin 2020,dont quatre en plein confinement. Cet accusé de 46 ans en proie à une « addiction sexuelle » a tout reconnu. Il savait avant le premier rendez-vous que Gisèle Pelicot serait droguée à son insu,il avait conscience du « caractère immoral et illégal » de la situation,il est le seul à bien vouloir dire que c’est précisément ce qui l’a excité : « Avoir toute possibilité d’action faisait partie d’un éventuel fantasme. »
Tant pis si la réalité n’avait pas été à la hauteur du fantasme,Jérôme V. n’avait pu s’empêcher de revenir. « A partir du moment où j’y retournais,c’est qu’une partie de moi s’y retrouvait. » Et puis Dominique Pelicot avait cessé de le contacter. « Heureusement,parce que je ne sais pas si j’aurais été capable de dire non »,avait reconnu cet homme torturé et désireux de s’expliquer,d’exprimer sa « honte » et des regrets qui,contrairement à ceux de nombre de ses coaccusés,n’avaient pas semblé artificiels. « Vous êtes désarmant de sincérité »,lui avait dit Antoine Camus,avocat de Gisèle Pelicot.
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