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L'UE tente de s'entendre pour réduire les emballages mais les dérogations s'accumulent

Apr 8, 2024 Fabrication

Eurodéputés et États membres de l'UE doivent s'entendre ce lundi pour finaliser un texte sur les emballages. Objectif annoncé : en produire moins, car le volume actuel n'est pas tenable. Mais le sujet est loin d'être simple et entre pressions des producteurs et vues divergentes des États, le risque est réel de voir le texte, compliqué et dense, vidé de sa substance.

La semaine dernière, les Nations unies tiraient la sonnette d'alarme : le monde a produit plus de deux milliards de tonnes de déchets en 2023, et le rythme s'accélère. Hasard du calendrier, ce lundi 4 mars, l'Europe finalise sa feuille de route pour endiguer le fléau. Car le Vieux Continent ne fait pas exception : des colis aux gobelets de café, les Européens n'ont jamais autant généré de déchets d'emballages : 188,7 kg par habitant en 2021 (un bond de 32 kg en une décennie), selon Eurostat, pour un taux de recyclage de seulement 64% (40% pour les emballages plastiques).

Recyclage, collecte et consignes

C'est justement le cœur du texte : généraliser le recyclage. Mais entre le plastique, le verre, l'aluminium, le carton ou encore le bois, chaque matériau a sa filière, et toutes n'avancent pas au même rythme. 

Ainsi, selon la proposition initiale, tous les emballages vendus devront être recyclables à partir de 2030 et effectivement recyclés d'ici 2035. Pour maximiser le recyclage, au moins 90% des matériaux d'emballages (plastique, bois, aluminium, verre, carton...) devraient être collectés séparément d'ici 2029. Surtout, Bruxelles prévoit l'obligation pour les États d'établir un système de consigne pour les bouteilles en plastique et canettes métalliques d'ici 2029, à moins que le taux de collecte séparée de ces déchets n'atteigne 90%.

Le texte fixe aussi un taux minimum de matériau recyclé dans les contenants plastiques, et la vente de sacs en plastique ultra-légers pourrait être interdite. Sachets de thé et étiquettes des fruits et légumes devraient être compostables.

Les produits emballés n'ont par ailleurs pas les mêmes contraintes et les différents secteurs, parfois appuyés par leurs États, veulent des dérogations. C'est par exemple le cas de la cire autour de certains fromages ou des emballages en bois des boîtes de camembert par exemple, qui ne seront pas concernés à ce stade, faute de filière dédiée et vu leurs faibles volumes.

Des aménagements qui risquent d'affaiblir l'impact

Estimant que recycler ne suffit pas, Bruxelles propose des niveaux contraignants de réemploi des emballages pour divers secteurs (e-commerce, électroménager, boissons, bière...). Dans la restauration, Bruxelles fixait des objectifs d'emballages réutilisables ou permettant la recharge pour les boissons à emporter (20% d'ici 2030, puis 80% d'ici 2040) et les aliments à emporter (10% en 2030). Une mesure soutenue par les États, mais complètement supprimée par les eurodéputés au profit d'une simple obligation pour les restaurants d'accepter les contenants apportés par les clients. Le sujet est toujours l'objet de débats.

Les eurodéputés ont aussi voté pour exempter le secteur viticole et les indications géographiques protégées, et, au-delà des microentreprises et petits commerces, étendre largement les dérogations : notamment en cas de matériaux recyclés, ou si le taux de collecte des emballages concernés dépasse 85%. Les États ont défendu d'autres exemptions (boîtes en carton, boissons « périssables »), et la possibilité pour les fabricants de boissons de se regrouper pour mutualiser l'objectif.

Le risque existe de voir ces aménagements s'accumuler au point de vider le texte de sa substance alors que son objectif est de parvenir à réduire de 5% d'ici 2030 (par rapport à 2018) le volume de déchets d'emballages, puis de 10% en 2035 et 15% d'ici 2040.

Résistances sur les PFAS, les polluants éternels et les emballages à usage unique

Les eurodéputés entendent interdire l'ajout intentionnel dans les emballages alimentaires de polyfluoroalkylés (PFAS, « polluants éternels ») et de bisphénol-A (autre perturbateur endocrinien), omniprésents malgré les avertissements de scientifiques sur leurs effets nocifs. Mais les États sont réticents, réclamant d'abord l'avis d'un régulateur.

Autre contentieux, le texte prévoit une liste d'emballages à usage unique jugés superflus et interdits à partir de 2030 : flacons miniatures (shampoing) dans l'hôtellerie, emballages plastiques groupés, dosettes de sauce ou de sucre... Des restrictions visant les emballages pour fruits et légumes pourraient être limitées aux matériaux plastiques. Mais, à l'inverse des États, les eurodéputés se sont farouchement opposés à l'interdiction des contenants à usage unique pour les aliments et boissons consommés dans les cafés-restaurants.

Les géants du fast-food et les industriels du papier vantent les mérites « écologiques » des emballages cartons, recyclables ou issus de forêts durables, par rapport au plastique ou au réemploi, qui selon eux exigerait d'utiliser plus d'eau et d'énergie. L'Italie, qui a investi dans un important réseau de recyclage, plaide également en ce sens. Selon une source parlementaire, un compromis en discussion prévoit une dérogation générale aux restrictions d'emballages à usage unique et aux obligations de réemploi si l'État enregistre un taux global de recyclage des emballages d'au moins 70% (seuls sept pays seraient concernés... dont l'Italie).

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