Les demandeurs d’emploi adhèrent-ils à la formule « small is beautiful » ? A première vue,non,selon une étude de la direction de l’animation de la recherche,des études et des statistiques (Dares) du ministre du travail,publiée le 19 mai 2024 : les très petites entreprises (TPE) – qui emploient de un à neuf salariés – affichaient en 2023 un taux d’emplois vacants de 6,3 %,contre 2,3 % pour celles comptant dix salariés ou plus.
Les 247 000 postes à pourvoir dans les TPE représentaient à eux seuls 40 % du total des vacances,toutes tailles d’entreprises confondues,sur l’ensemble du secteur salarié privé. Pour ne rien arranger,le taux d’échec des recrutements est aussi plus important dans les TPE,constate la Dares.
Cela s’explique d’abord par les caractéristiques de ces petits employeurs,selon Eric Chevée,vice-président chargé des affaires sociales de la Confédération des petites et moyennes entreprises : « Ils tiennent à embaucher des gens immédiatement opérationnels car ils n’ont pas le temps de former. Etant plus exigeants,ils trouvent moins facilement. En outre,ce sont des chefs d’entreprise,pas des DRH : ils recrutent moins souvent,maîtrisent moins bien les processus de sélection et d’intégration. » D’où des erreurs de casting qui se soldent par des départs anticipés,occasionnant une nouvelle vacance de poste.
Mireille Bruyère,enseignante-chercheuse en économie à l’université de Toulouse et au Centre d’étude et de recherche travail organisation pouvoir (Certop) du CNRS,pointe l’effet sectoriel : « Les secteurs qui ont des taux de vacance élevés liés à des conditions de travail difficiles,comme la restauration,sont ceux dans lesquels les TPE sont structurellement plus importantes. Et ils utilisent énormément les contrats de travail courts,donc il y a toujours des postes à pourvoir. » De fait,la Dares relève que les vacances pénalisent particulièrement les TPE du bâtiment et de l’hébergement-restauration.
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