Des décorations aux couleurs LGBT+ d’une brasserie du quartier du Marais,à Paris. PHILIPPE TURPIN / PHOTONONSTOP / PHILIPPE TURPIN / PHOTONONSTOP Le Rassemblement national (RN) parvient désormais à attirer une part non négligeable de l’électorat LGBT+,malgré son homophobie historique et alors que le parti d’extrême droite ne soutient pas,voire s’oppose,à l’ouverture de nouveaux droits pour cette population.
Mickaël Durand est sociologue politique et chercheur postdoctorant à l’Institut national d’études démographiques,spécialiste des minorités de genre et de sexualité. Il a écrit Des triangles roses dans les urnes ? Le rôle de l’homosexualité dans le rapport individuel à la politique et au vote (Politix,2023). Selon lui,les membres de la communauté LGBT+ qui votent RN considèrent leur orientation amoureuse comme une caractéristique secondaire et privilégient d’autres identités sociales. Les lesbiennes,plus politisées à gauche,semblent par ailleurs moins partager les idées d’extrême droite que les gays.
La « dédiabolisation » de Marine Le Pen s’est accompagnée d’une inflexion de la ligne du parti : le RN a réussi à lisser son image et à prétendre qu’il n’est pas homophobe,mais il reste,en creux,fondamentalement hétérosexiste. Désormais,le RN n’attaque plus les acquis – par exemple,après avoir dit qu’elle abolirait le mariage pour tous,Marine Le Pen a finalement assuré qu’elle ne reviendrait pas dessus. Pour autant,le RN ne soutient pas non plus l’acquisition de nouveaux droits : ses députés se sont opposés à la procréation médicalement assistée pour toutes ; ses eurodéputés ont voté contre une résolution proclamant l’Union européenne « zone de liberté LGBTIQ »,etc.
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