Ketakandriana Rafitoson à Antananarivo,le 14 juin 2024. RIJASOLO / RIVA PRESS POUR « LE MONDE » Ketakandriana Rafitoson avait de solides arguments et elle a tenu bon. Lundi 1er juillet,elle prendra officiellement ses fonctions de directrice exécutive du mouvement Publish What You Pay − Publiez ce que vous payez − non pas à Londres,où se trouve le secrétariat du mouvement créé en 2002 pour contraindre les sociétés à déclarer les sommes qu’elles versent aux gouvernements contre l’attribution de titres miniers,mais à Antananarivo,la capitale de Madagascar,« pays parmi les plus pauvres,riche en minerais de transition et à la gouvernance déplorable »,selon ses mots. Quitte à faire les allers et retours en Europe.
« Les minerais nécessaires à la transition énergétique se trouvent dans les pays du Sud,mais dans quelles conditions sont-ils achetés par les sociétés occidentales ou asiatiques ? En quoi profitent-ils aux populations locales ? Pour le savoir et pour se mettre à l’abri de transactions opaques,c’est au Sud que nous devons être. Je serai très fière de servir depuis le cinquième pays le plus pauvre du monde »,a-t-elle plaidé.
L’arrestation,quelques mois avant sa nomination,de la directrice de cabinet du président de la République malgache en flagrant délit de tentative de corruption de la société Gemfields a certainement parlé en sa faveur. Romy Voos Andrianarisoa,interpellée à Londres,en août 2023,par l’agence britannique de lutte contre la criminalité,cherchait à obtenir 10 % des parts de la société devant opérer à Madagascar et 260 000 euros de commission. Elle a été condamnée à trois ans et demi de prison en mai.
A la tête pendant six ans [2018-2024] de la branche malgache de l’ONG Transparency International,elle a eu l’occasion d’explorer en profondeur les arcanes les plus sombres de cette collusion entre les élites politiques et économiques et d’en dénoncer quelques-uns des plus gros scandales. Le dernier en date étant,en 2022,l’entente entre le Groupement des exportateurs de litchis et deux entreprises françaises,permettant de contrôler la filière de commercialisation vers l’Europe à travers un circuit de financement opaque par l’île Maurice.
Il vous reste 65.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
© Affaires Officielles