Vendanges dans les vignes du Charbonnay,vin blanc sec issu du terril d’Haillicourt (Pas-de-Calais),en octobre 2021. LUDOVIC MAILLARD / PHOTOPQR / VOIX DU NORD / MAXPPP Un prix de grand cru. Le Charbonnay,oui,avec un « b » comme charbon parce que son raisin pousse sur un terril,une de ces collines artificielles formées par les résidus miniers,près de Béthune (Pas-de-Calais),se négocie autour de 55 euros la bouteille. Toute la cuvée 2023 est déjà réservée. En 2010,quand six amis se sont lancés en plantant des pieds de vigne au sommet d’un terril,l’aventure faisait figure d’anecdote. Depuis,une société est née,Les Vins audacieux,et ces pionniers ont fait leur chemin et planté un deuxième vignoble,à 6 kilomètres d’Haillicourt (Pas-de-Calais). Dans les Hauts-de-France,ils sont de plus en plus nombreux,ces agriculteurs qui se mettent à la vigne,surtout pour se diversifier,parfois par passion,toujours parce qu’ils sont convaincus que le changement climatique leur offre une nouvelle opportunité.
Benoit Davin,exploitant agricole de 51 ans dans l’Aisne,a « eu le déclic en 2016 » : « L’année avait été catastrophique en céréales. On avait fait le même rendement que nos grands-parents dans les années 1960. » Il cherchait « une diversification à forte valeur ajoutée ». Installé à Mortefontaine,dans le Soissonnais,il était « un peu frustré » : « Je fais du blé mais pas de farine ni de pain. Du colza mais pas d’huile. De la betterave mais pas de sucre. J’avais envie d’aller jusqu’au consommateur. » Et surtout,une étude de marché réalisée avec l’Institut agricole de Beauvais le conforte. Avec six autres agriculteurs,il achète du matériel et,lui,plante 4 500 pieds de vigne en 2020 et 2021. En 2023,il a obtenu 2 000 bouteilles dont il se dit fier même si « les jeunes vignes ne déploient pas encore tous leurs arômes ».
Même sentiment d’avoir fait le bon choix chez Julien Dhaine,installé à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais),près d’Arras,depuis 2006. Lui aussi cherchait à se diversifier ; il a planté ses 5 000 premiers pieds il y a quatre ans « sur une parcelle très crayeuse,très bien adaptée à la vigne ». Un projet d’avenir,il en est sûr : « J’ai planté pour trente ou quarante ans. » Cette année,après un printemps très pluvieux,« le rendement est moins bon mais la qualité du raisin est là »,explique-t-il.
Il vous reste 54.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
© Affaires Officielles