Olivier Mateu,secrétaire de la CGT Bouches-du-Rhône,lors de la manifestation contre l’extrême droite,à Marseille,le 15 juin 2024. THéO GIACOMETTI POUR « LE MONDE » Il y a ceux qui roulent ostensiblement à gauche,ceux qui disent « tout sauf l’extrême droite » et ceux qui s’abstiennent de tracer une orientation. La campagne des élections législatives a remis en lumière la diversité des cultures syndicales face à la vie politique. Alors que le Rassemblement national (RN) devrait continuer dans la même dynamique que les élections européennes,où il était arrivé en tête,les huit principales organisations de salariés oscillent entre le désir de faire avancer leurs revendications,la crainte de reculs démocratiques et le refus d’être instrumentalisées. Le chemin de crête est étroit,car elles peuvent se voir reprocher d’être trop engagées ou,au contraire,excessivement timorées dans un moment où des fondements de nos institutions sont susceptibles d’être remis en cause.
Deux voix se distinguent parmi les forces en présence : celles de la CGT et de la FSU,qui ont clairement affiché la couleur en exhortant les citoyens à voter en faveur des candidats du Nouveau Front populaire (NFP). Pour la première,l’enjeu est d’empêcher l’arrivée au pouvoir du RN et d’obtenir « gain de cause » sur plusieurs dossiers,comme l’a déclaré,jeudi 27 juin lors d’un meeting,sa secrétaire générale,Sophie Binet,en citant « l’abrogation » de la réforme des retraites de 2023 – une mesure phare défendue par les partis de gauche à l’occasion de ces législatives.
La FSU développe un discours analogue : elle considère que,pour contrer l’extrême droite,qui a prospéré sur des « décennies de politiques libérales créatrices d’inégalités et de souffrances sociales »,il faut une « véritable alternative de progrès »,ce que le NFP défend avec son programme.
La décision prise par la confédération pour ces législatives est donc loin d’être banale,selon M. Sirot,« car elle revient sur un usage qui avait été instauré à partir de l’époque où Louis Viannet était le secrétaire général de la confédération »,au début des années 1990. « Le choix de la CGT constitue une rupture »,renchérit le sociologue Guy Groux,membre du centre de recherches politiques de Sciences Po. « L’une des questions qui se pose désormais est de savoir si c’est ponctuel ou s’il s’agit d’une inflexion durable de sa doctrine »,complète-t-il.
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