Pierre Charbonnier et Yamina Saheb,dans les locaux du « Monde »,le 30 août 2024. BRUNO LEVY/DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Sobriété. Nous sommes en 2022 et,face à la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine,le mot s’impose sur toutes les lèvres,devenant même pour quelque temps une priorité du gouvernement français. Depuis,la notion s’est faite plus discrète,n’apparaissant que très peu lors de la séquence électorale du mois de juin. Pourquoi ce concept,et les mesures qu’il recouvre,suscite-t-il tant de résistance ? Pierre Charbonnier,philosophe,cofondateur et représentant du collectif Construire l’écologie,qui publie Vers l’écologie de guerre. Une histoire environnementale de la paix (La Découverte,324 pages,23 euros),échange autour de cette notion avec Yamina Saheb,chercheuse à Sciences Po,spécialiste des politiques d’atténuation du changement climatique et de l’efficacité énergétique des
bâtiments,coautrice du rapport du groupe III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et fondatrice du Laboratoire mondial de la sobriété (World Sufficiency Lab).
Cette dernière a encore gagné en publicité ; puis,en 2022,vint la publication du sixième rapport de synthèse du GIEC sur l’atténuation du changement climatique,dans lequel nous avons introduit pour la première fois la notion de sobriété. Enfin,confronté à la crise énergétique déclenchée par la guerre d’invasion russe en Ukraine,le président Emmanuel Macron s’est saisi du concept de sobriété – il pouvait d’ailleurs pour cela s’appuyer sur la loi de 2015. Sauf que,jusqu’à récemment,la conception française de la sobriété ne s’appuyait pas sur les notions d’équité,de justice sociale,et a donc suscité des réticences dans la population.
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