Une batterie dans la gigafactory d’Automotive Cells Company (ACC),qui produit des batteries lithium-ion pour véhicules électriques,à Douvrin (Nord),le 2 décembre 2024. DENIS CHARLET/AFP Réunion de crise au Collège de France,à Paris. Lundi 25 novembre,à l’initiative du professeur Jean-Marie Tarascon,titulaire de la chaire Chimie du solide et énergie,les acteurs français de la filière batterie se sont retrouvés,non sans inquiétude. Autour de la table étaient présents ACC,la coentreprise créée par Stellantis,Mercedes et Total,Verkor,start-up grenobloise associée à Renault,ProLogium,un projet de gigafactory taïwanais,Blue Solutions,filiale du groupe Bolloré,et leurs fournisseurs de matières premières (Arkema,Umicore,Lithium de France,Eramet,Viridian…).
Quelques jours auparavant,le 21 novembre,le suédois Northvolt,la start-up la plus avancée et surtout la mieux financée du secteur,était placé en redressement judiciaire. En huit années,il a englouti plus de 13 milliards d’euros. Son usine phare,à Skelleftea,dans le nord de la Suède,n’a jamais réussi à produire assez de cellules pour réussir à payer les salaires et les fournisseurs. Elle a donc échoué au milieu de ce qu’il est convenu d’appeler la « vallée de la mort »,cette période critique entre le lancement d’un produit innovant et le moment où ses ventes décollent.
Après cette faillite,chacun doit regarder la réalité en face : la « vallée de la mort » des constructeurs de batteries européens s’annonce bien plus longue que prévu. Dès septembre,Robin Zeng,le patron du leader mondial,le chinois CATL,avec 37,5 % de part de marché,a prévenu les apprentis chimistes européens de la batterie. Dans un entretien avec le fonds souverain norvégien de la Norges Bank,diffusé sur YouTube,il a été sans appel. « Ils ont une mauvaise conception [des cellules],un mauvais procédé de fabrication et de mauvais équipements »,a-t-il asséné,rappelant que son entreprise emploie 20 000 ingénieurs,là où l’Europe manque de filières de formation.
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