Eva Berneke,PDG d’Eutelsat,à Paris,le 10 novembre 2023. MIGUEL MEDINA / AFP La patronne du premier opérateur français de satellites de communication revient sur l’ascension fulgurante des sociétés d’Elon Musk,SpaceX et Starlink,qui rebattent les cartes de la compétition mondiale et fragilise l’Europe de l’espace.
Quelles ont été les conséquences de l’arrivée d’Elon Musk sur le marché des opérateurs de satellites ?
Depuis une dizaine d’années,c’est effectivement Elon Musk qui donne le ton en développant Starlink,sa propre constellation de satellites,pour diffuser l’Internet haut débit,et il sera bientôt suivi par Jeff Bezos avec Kuiper. Elon Musk dispose de subventions considérables et peut réagir très rapidement,car il contrôle toute la chaîne,allant de la fabrication des fusées,des satellites et des terminaux jusqu’à la mise en orbite et le service. C’est une grande différence avec nous,les opérateurs classiques : nous assurons uniquement l’exploitation des satellites que nous achetons,ainsi que les terminaux,et réservons des créneaux de lancement.
Que voulez-vous dire ?
Le grand défi est de rattraper le retard pris sur les lanceurs. Avec Ariane-6,nous commençons pour la première fois à avoir une partie réutilisable,quand SpaceX fait cela depuis des années [pour la première fois le 30 mars 2017,avec la fusée Falcon-9,dont le premier étage avait été utilisé lors d’un tir précédent]. D’autre part,il lance des fusées avec une grande rapidité,au rythme d’une par jour,en comparaison avec Ariane-5,qui demandait de deux à trois mois de préparation pour un lancement. C’est impressionnant de voir le site de lancement des Falcon-9. Cinq ou six lanceurs attendent dans un hangar,et quand ils sortent d’autres arrivent. C’est une vraie industrialisation,là où nous sommes dans la haute couture.
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