Le site Ecocem de Dunkerque,le 11 juillet 2024. ECOCEM « Nous voulons devenir les Windows du ciment ! » Conor O’Riain,le directeur général Europe et France d’Ecocem,a le sens de la formule. Créé en 2000 et implanté à Dunkerque (Nord) depuis 2018,le groupe irlandais rêve que la technologie qu’il a développée pour décarboner le ciment soit utilisée partout dans le monde,à l’image du logiciel inventé par Microsoft,qui équipe des millions d’ordinateurs.
L’industrie cimentière est l’une des plus polluantes au monde. Elle est responsable à elle seule de 8 % des émissions mondiales de CO2. En cause,le clinker,son composant principal,mélange de calcaire et d’argile,dont la combustion rejette 95 % du carbone pour la fabrication du ciment et 90 % pour celle du béton.
Ecocem,qui compte comme investisseurs Saint-Gobain et le fonds Breakthrough Energy Ventures de Bill Gates,a déjà remplacé une grande partie de son clinker par du « laitier »,les déchets des aciéries. L’entreprise a créé une joint-venture avec ArcelorMittal,dont elle récupère les laitiers des hauts-fourneaux des sites de Dunkerque et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).
Mais le groupe irlandais,également présent à Dublin et aux Pays-Bas,a mis au point une nouvelle technologie,baptisée « ACT »,pour remplacer le clinker par du filler calcaire – du calcaire broyé –,qui permet selon elle d’obtenir « une réduction de 70 % de l’empreinte carbone par rapport à la moyenne des ciments français ». Dans ce cadre,Ecocem s’est allié avec CB Green,filiale des Carrières du Boulonnais,qui exploite une réserve de calcaire près de Boulogne-sur-Mer.
Des partenariats ont été signés avec les bétonniers Cemex France et Point P pour les fournir en ACT. « On veut passer à l’échelle industrielle pour convaincre encore plus d’acteurs du monde du béton et du ciment que notre technologie est viable »,explique José Garcia,le directeur industriel et logistique d’Ecocem.
Une technologie en tout cas plus viable,selon Conor O’Riain,que la capture et le stockage de CO2,que la plupart des cimentiers comptent utiliser afin de baisser leur empreinte carbone,encouragés par les pouvoirs publics. « L’industrie cimentière mise trop sur la capture de carbone,qui reste une technologie très chère et qui n’existe pas vraiment pour le moment. C’est une partie seulement de la solution pour décarboner les cimenteries,mais ça ne peut pas être la seule »,explique le directeur général.
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