En Gironde, le « Règne animal » au chevet du végétal

L’équipe du Règne animal en repérage dans la forêt de La Teste-de-Buch,en mai 2022. THOMAS CAILLEY Un « cadeau tombé du ciel ». C’est ainsi que Philippe Barbedienne,président de la Sepanso Gironde,décrit l’objet d’un appel reçu quelques jours avant Noël,fin 2023. Celui de la société de production Nord-Ouest Films lui indiquant sa décision de faire un don à son association,actrice de la défense de l’environnement dans le Sud-Ouest depuis 1969.

D’emblée,il est informé de l’attachement du réalisateur du Règne animal,Thomas Cailley,à la région et à sa forêt,décors centraux du film récompensé par cinq Césars,et de son choix,ainsi que de celui du producteur Pierre Guyard,« de faire don d’une partie des recettes du film à une association de protection de la nature et de la forêt »,se remémore Philippe Barbedienne.

« Ça a été une surprise totale,parce qu’on n’avait rien sollicité »,s’enthousiasme-t-il,lui dont l’organisation vit grâce à ses adhérents et à quelques fonds récoltés lors de procès pour infraction aux lois de protection de la nature dans lesquels la Sepanso se porte partie civile. Rapidement,Philippe Barbedienne prend les choses en main « personnellement ». Pas question de décevoir les donateurs ni de leur ­donner « l’impression [qu’ils se sont] trompés en s’adressant à nous »,promet le militant septuagénaire.

« Ne pas en faire un outil de promotion »

Au début,tout se fait dans le plus grand secret. L’association girondine ne veut voir personne s’opposer au projet d’investissement. La production du film,quant à elle,souhaite décorréler ce don de l’écho médiatique autour du film,« pour ne pas en faire un outil de promotion ou de greenwashing et laisser penser qu’il servait à se donner bonne conscience »,justifie Pierre Guyard.

La Sepanso Gironde interroge alors sa commission forêt – ­composée de chercheurs,gestionnaires,techniciens et propriétaires forestiers – sur des emplacements disponibles. Elle a sa petite idée,car elle envisageait déjà de se porter acquéreuse de parcelles en vue de les protéger,notamment pour favoriser la biodiversité. Car « la sylviculture intensive telle qu’elle se pratique dans le massif des Landes de Gascogne a un impact certain sur cette ­biodiversité »,explique Philippe Barbedienne.

Grâce aux 14 000 euros reçus – 10 000 issus des recettes du film,et 4 000 provenant d’un prix remporté aux Arcs Film Festival directement versés à l’association –,la Sepanso a acquis un terrain dans la forêt usagère de La Teste-de-Buch,sur le bassin d’Arcachon,celle-là même qui fut ravagée par les incendies en 2022 et dont il ne reste aujourd’hui que 10 %.

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