C’est officiel : le numéro deux français de l’édition,Editis (Bouquins,Robert Laffont,Plon,10/18…),racheté par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky,est entré en « négociations exclusives » avec le groupe Delcourt pour racheter ce spécialiste de la bande dessinée et du manga. Les premières réflexions ont démarré en janvier sous l’égide de la banque Rothschild,a précisé au Monde Guy Delcourt,président du groupe qu’il a créé en 1986. Plusieurs candidats français et internationaux étaient en lice,et un accord a été trouvé pour qu’Editis rachète 100 % du groupe à ses deux actionnaires,le holding familial de Guy Delcourt (51 %) et le groupe Florac,une société de participations fondée et présidée par Marie-Jeanne Meyer,l’actionnaire historique du groupe Louis-Dreyfus (49 %).
A 66 ans,Guy Delcourt vend « parce qu’aucun de mes trois enfants n’a vocation à reprendre le flambeau. Je devais trouver le bon moment et les bonnes conditions »,ajoute-t-il,en précisant avoir été séduit « par les valeurs d’humanisme véhiculées par Editis ». L’acheteur,pour qui la BD constituera « un nouveau secteur »,s’est engagé « à garantir notre réelle autonomie,en nous laissant dans les mêmes locaux,sans toucher à l’équipe de direction et en s’engageant à ne procéder à aucune suppression de postes »,précise M. Delcourt. Lui-même restera aux commandes encore quelques années. Delcourt et Editis travaillent ensemble depuis longtemps,affirme-t-il. « Ces affinités préexistantes entre les équipes » ont notamment permis d’éditer certains ouvrages avec La Découverte,sur Pierre Bourdieu ou,bientôt,sur Bruno Latour.
Avec un chiffre d’affaires de 104 millions d’euros en 2023 et une équipe de 145 salariés,Delcourt publie près de 700 nouveautés par an et se targue de 13 000 titres au catalogue. Parmi ses séries vendues entre 4,5 millions et 10 millions d’exemplaires figurent Les légendaires,Les Blagues de Toto,Walking Dead ou Le Monde d’Aquilon. Plus récemment,le titre Solo Leveling s’est écoulé,à lui seul,à près de 2 millions d’exemplaires.
Cette transaction devrait être suivie par d’autres rachats attendus dans le monde de l’édition. Entamée depuis des mois,la vente d’Humensis (PUF,Belin,L’Observatoire…) par le réassureur SCOR semble aujourd’hui freinée par des considérations politiques. Les deux rivaux,qui souhaitent faire une offre,Albin Michel et Madrigall,la maison mère de Gallimard et de Flammarion,auraient demandé un délai supplémentaire,selon Les Echos. En effet,la réforme scolaire promise par Gabriel Attal semble des plus hypothétiques depuis les élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Or,la valorisation de Belin,la filiale d’édition scolaire d’Humensis,est directement liée aux commandes de nouveaux ouvrages qui font la pluie et le beau temps dans ce secteur. Toutefois,les offres semblent toujours attendues au cours de l’été. « Le processus suit son cours »,affirme-t-on chez SCOR.
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