Julien Huck,secrétaire général de la FNAF-CGT,en 2021. JULIEN JAULIN/HANSLUCAS.COM/ L’HUMANITé La giboulée s’abat sur eux durant quinze bonnes minutes. Une pluie de mots durs qui les laissent mortifiés. Devant la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny,sept responsables et ex-dirigeants de la fédération nationale agroalimentaire et forestière (FNAF) de la CGT sont apostrophés avec véhémence par l’avocat de la partie civile. En ce vendredi 20 septembre – au deuxième et dernier jour de procès –,Me Cédric Alépée dépeint les prévenus comme un « clan familial » au sein duquel « le papa,le fiston,la bru » s’arrangent pour servir « leurs intérêts ».
Il les accuse d’être à l’origine de « dérives mafieuses » et d’avoir « trusté » le commandement de leur organisation car « la soupe était bonne ». Dans la salle d’audience,où ils sont venus en très grand nombre,les camarades des mis en cause,dont Philippe Martinez – numéro un de la CGT jusqu’en mars 2023 –,assistent au châtiment,en contenant leur colère suscitée par le spectacle.
Cette charge très agressive vise,en particulier,Alfred Huck et son fils Julien. Le premier a été le secrétaire général de la FNAF pendant plus de vingt ans,le second assure désormais cette fonction. Ils sont jugés en même temps que cinq autres personnes,exerçant ou ayant exercé des responsabilités au sein de la fédération. Parmi elles,Jocelyne Hacquemand,la femme d’Alfred Huck,et Diane Grandchamp,la compagne de Julien. Les prévenus sont poursuivis pour abus de confiance ou recel ; deux d’entre eux se voient,de surcroît,reprocher des faits de blanchiment. Une histoire embarrassante pour la CGT,susceptible,qui plus est,de ranimer les soupçons sur l’opacité des fonds gérés par les acteurs sociaux alors même que ce genre de controverses tendait,peu à peu,à s’éteindre.
Tout commence par une lettre adressée en juin 2018 au parquet de Bobigny par Johnny Neto. Membre d’une des plus hautes instances de la FNAF,il signale des pratiques qui,écrit-il,heurtent sa « conception militante du syndicalisme de classe ». Le courrier indique – entre autres – que des leaders ou anciens leaders de l’organisation profitent de largesses financières sans fondement. Il met aussi en exergue la coexistence d’associations autour de la FNAF permettant de « faire circuler l’argent » de façon peu transparente. M. Neto précise avoir été licencié,quelques semaines auparavant,de son poste de salarié à la fédération,car,d’après lui,les Huck et leur garde rapprochée en avaient assez de ses remarques gênantes sur les usages incriminés. Il s’est constitué partie civile.
Il vous reste 66.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
© Affaires Officielles