CLARA DUPRé Un paquet de bonbons passe de main en main comme circulent les récits communs,ce soir-là. Sur des fauteuils de velours colorés,au sein des locaux de l’association le MAG jeunes LGBT+,à Paris,une vingtaine de personnes sont regroupées en cercle pour échanger durant deux heures entre pairs. Agées de 20 à 40 ans,toutes se définissent comme bisexuelles,certaines d’entre elles comme pansexuelles (attirées par des personnes sans considération de leur sexe ou de leur genre).
Pour la plupart,c’est la première fois qu’elles se rendent dans un groupe de parole,et même – plus important encore – dans un événement estampillé bi. « Je suis si contente d’être ici,car je n’ai pas d’accès à une communauté bi,et je n’ai aucun ami bi avec qui échanger »,commence une femme,la vingtaine,reconnaissante d’avoir réussi à obtenir une place dans l’un de ces cercles,prisés après un peu plus d’un an d’existence.
Alors que les lesbiennes et les gays se sont depuis longtemps constitués en communautés et disposent de lieux spécifiques où se rencontrer,peu d’espaces de ce type existent pour les bisexuels. Pas d’endroit,donc,pour partager leur réalité,eux qui sont soumis à des discriminations,au même titre que les autres queers… Et alors qu’ils peinent par ailleurs à se sentir à l’aise dans les communautés LGBT+,qui les marginalisent.
Ce soir-là,ils découvrent un endroit où ils sont enfin certains et certaines de ne pas être catalogués comme « un ou une hétéro curieuse » qui cherche à « s’amuser »,qui ne vit qu’une « passade »,pointent plusieurs. Ou comme « un gay qui ne s’assume pas à certains moments,puis comme un hétéro caché à d’autres »,raille un homme proche des 40 ans,chemise et chaussures noires pointues,venu directement après le bureau. Autant de stéréotypes auxquels ils se confrontent régulièrement et dont ils dissertent en écho.
En plus de ces cercles,le collectif Bi Pan organise des événements culturels,ou encore de la vulgarisation sur les réseaux sociaux. Il est aussi un des fers de lance de la marche de la visibilité bisexuelle,prévue dimanche 22 septembre. Coorganisée avec l’association Bi’Cause – la seule à exister sur le territoire jusqu’à peu,qui regroupe plutôt des personnes plus âgées –,la manifestation s’élancera de la place du Colonel-Fabien,en amont de la Journée internationale de la visibilité de la bisexualité,qui aura lieu lundi 23 septembre.
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