Ce pourrait être la chronique d’un secteur économique en plein essor. Un marché où la production n’a jamais été aussi forte,proposant une offre sans cesse renouvelée,distribuée au moyen de la logistique la plus efficiente,vers un public toujours plus vaste,avide de nouveautés. Un public captif à en mourir.
Cette même histoire est aussi celle d’un fléau sanitaire mondial,à l’ampleur comparable à une pandémie hors de contrôle. Les constatations statistiques ne peuvent donner qu’une vision impressionniste de ce phénomène globalisé : multiplication des hospitalisations pour surdose,des complications de santé mentale liées à l’usage de stupéfiants ; paupérisation des quartiers gangrenés par le deal ; explosion des homicides en lien avec les trafics…
Derrière ce marché illicite,estimé à plus de 3,5 milliards d’euros annuels en France,opèrent des groupes criminels si riches et puissants qu’ils sont capables de déstabiliser des Etats. L’alarme est lancée sur chaque continent. La méthamphétamine (« ice ») dans les îles du Pacifique,le fentanyl aux Etats-Unis,la cocaïne en Europe,le captagon au Proche-Orient… La France,pays de transit et de consommation « multiproduits »,est désormais au cœur des stratégies des cartels.
Le profil des consommateurs s’élargit,pour la majorité des substances analysées,vers « M. ou Mme Tout-le-Monde »,de l’avis des addictologues. Le développement d’une offre numérique,digne des meilleures « applis » du commerce légal,facilite l’accès à ces drogues pour un public plus large,n’ayant plus besoin de quitter son domicile pour recevoir sa dose.
Pourtant,l’impact de l’emprise territoriale est plus visible que jamais. Les trafiquants rendent la vie impossible dans les quartiers enkystés par les points de deal. Jusqu’à entraîner l’évacuation d’urgence,le 27 septembre,de l’immeuble Le Carrare,à Echirolles (Isère),tombé aux mains des dealeurs alors que la ville est secouée depuis plusieurs mois par des règlements de comptes en série.
Il vous reste 33.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
© Affaires Officielles