De l’homme qui a tenté de l’assassiner,il n’a jamais vu le visage. A peine a-t-il entendu sa voix. Alejo Vidal-Quadras s’apprêtait à rentrer chez lui après sa promenade habituelle au parc du Retiro,l’un des plus beaux de Madrid,lorsqu’une silhouette dans son dos a prononcé ces mots : « Hola señor. »
A 13 h 30,ce jeudi 9 novembre 2023,la rue Nuñez de Balboa était noire de monde. Ce haut responsable politique espagnol de 78 ans,qui fut vice-président du Parlement européen avant de fonder le parti d’extrême droite Vox,était à quelques pas de l’entrée de son immeuble. « Je me suis retourné,et j’ai fait un geste qui m’a sauvé la vie,raconte-t-il au Monde. J’ai incliné la tête. » L’ombre dans son dos a appuyé sur la gâchette : la balle de 9 mm Parabellum qui aurait dû lui fendre le crâne a traversé sa mâchoire de part en part.
Des passants se sont aussitôt précipités pour venir en aide au responsable politique qui chancelait sur la chaussée. Un homme a ôté sa veste et l’a appuyée sur ses plaies pour endiguer l’hémorragie en attendant l’arrivée des secours. Alejo Vidal-Quadras a ensuite passé seize jours à l’hôpital,où il a subi une reconstruction faciale. Quelques semaines plus tard,quand les enquêteurs espagnols sont venus l’interroger chez lui,il n’a pas hésité une seconde : il a accusé le régime iranien d’être derrière sa tentative d’assassinat.
Alejo Vidal-Quadras n’a perçu que deux mots et le claquement d’une détonation avant de s’effondrer. Mais des passants ont décrit son assaillant. Vêtu d’une veste bleue et coiffé d’un casque de moto,le tireur s’est enfui à bord d’un scooter Yamaha noir sur lequel l’attendait un complice avant de s’évaporer dans les rues de Madrid.
Grâce aux images de la vidéosurveillance,le deux-roues a été retrouvé deux heures plus tard,entièrement calciné,dans une zone industrielle de la périphérie de Fuenlabrada,à une vingtaine de kilomètres au sud de Madrid. Il gisait sur la chaussée comme un squelette carbonisé. Mais les flammes n’avaient pas suffi à effacer son numéro de châssis,et les enquêteurs ont rapidement fait le lien avec un individu contrôlé deux jours plus tôt à bord du même scooter. Il s’agit d’un ressortissant tunisien qui a grandi et qui vit en France,à Villejuif précisément,dans le Val-de-Marne. Il s’appelle Mehrez Ayari.
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