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Blois sous le choc de la fermeture de l’usine Poulain : « Le patriotisme industriel, c’est du vent »

Jun 19, 2024 Voyage IDOPRESS

Devant les locaux de l’entreprise Poulain,ornés d’un portrait du fondateur,Victor-Auguste Poulain,à Villebarou (Loir-et-Cher),le 13 juin. GUILLAUME SOUVANT / AFP Aux abords de l’ancienne chocolaterie de Blois,face à la gare,Yvette Hubert,90 ans et le brushing seyant,se promène. Depuis la nouvelle de la fermeture,elle a troqué son sac à main pour un cabas Poulain,en solidarité. Mme Hubert est entrée à la chocolaterie en 1955 et a connu Gabriel Rosanvallon,père de l’historien Pierre Rosanvallon,comme directeur : « J’avais une petite fonction parmi un millier de salariés. J’accueillais les grossistes de fèves de cacao rue Augustin-Thierry,des gens importants,des lords parfois. » Des camions électriques à trois roues allaient et venaient entre la gare et l’usine. Les fèves étaient torréfiées,concassées,broyées. La pâte obtenue était malaxée,raffinée,moulée. « J’ai connu la génération d’industriels créateurs,puis celle d’industriels développeurs,qui s’ouvrent à l’international. Dieu merci,je n’ai pas côtoyé la génération actuelle qui,sans remords,peut tout fermer d’un claquement de doigts »,poursuit-elle.

Fondée il y a cent soixante-seize ans,en 1848,l’usine Poulain,aujourd’hui implantée à la sortie de la ville,est visée par un plan de fermeture. L’annonce officielle,prévue jeudi 13 juin,a été reportée au 25 juin à la demande des 109 salariés,invoquant un vice de forme.

Le groupe Carambar & Co entend conserver la marque,mais veut produire le chocolat ailleurs – sans préciser encore où – et pour moins cher.Au Monde,il invoque 45 millions d’euros d’investissements depuis 2018,et explique avoir « pleinement conscience des conséquences et de l’impact de cette décision pour une région fortement attachée à la marque Poulain »,mais espère « s’appuyer sur des capacités de production internes et externes compétitives dans un contexte de flambée des prix de l’énergie et des matières premières ».

Le combat des salariés de Poulain pour le maintien de leur chocolaterie coïncide avec le lancement de la campagne des élections législatives. Lors des élections européennes,le Rassemblement national est arrivé en tête (22,60 %) à Blois,devant le Parti socialiste (17,36 %). Les candidats rivalisent de mimiques consternées,mais les propositions tardent pour empêcher la fermeture du site.

Marque profondément populaire

Verra-t-on bientôt François Ruffin débarquer ici,comme il l’avait fait en 2019,sur l’ancien site de Whirlpool,à Amiens ? « On a des collègues qui ne dorment plus parce qu’ils n’imaginaient pas cette fin possible. On sait que l’entreprise fait du bénéfice,puisqu’on a touché jusqu’à 3 000 euros d’intéressement en 2023,alors cette fermeture n’a aucun sens »,répète Tony Anjoran,technicien de maintenance chez Poulain,militant CGT et bien au fait de la désindustrialisation locale.

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