Christian Tein,chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT),en Nouvelle-Calédonie,le 14 juin 2024. DELPHINE MAYEUR / AFP Leurs avocats n’en reviennent pas eux-mêmes. Les membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT),déférés samedi 22 juin au matin au tribunal de Nouméa pour être entendus par un juge d’instruction,puis par le juge des libertés et de la détention,se sont vus notifier leur détention provisoire en France. Ils devaient prendre un avion spécialement affrété dans la nuit,à destination de Riom (Puy-de-Dôme),Bourges,Dijon,Mulhouse (Haut-Rhin) ou encore Blois. A 17 000 kilomètres de chez eux. Le juge des libertés et de la détention a refusé la publicité des débats,ce sont donc des conseils « abasourdis » qui sont sortis un à un de la salle d’audience,pour annoncer la nouvelle à des familles tout aussi médusées.
Considéré comme le leader de la CCAT,Christian Tein,56 ans,est envoyé à la maison d’arrêt de Mulhouse. Brenda Wanabo,chargé de la communication de l’organisation,à Dijon.
Me Pierre Ortet,l’avocat de Christian Tein,se dit « stupéfait » par une décision « qui relève de l’exceptionnel,et sur laquelle on n’a pas pu débattre ». « A aucun moment,l’emprisonnement en métropole n’a été évoqué au cours des débats. Ça a été annoncé à ma cliente au moment du délibéré. Trop tard pour argumenter »,confirme Me Thomas Gruet,conseil de Brenda Wanabo. La jeune femme laisse en Nouvelle-Calédonie trois enfants,dont l’un va avoir 4 ans dans quelques jours. « Il est clair que sa famille ne pourra pas faire le voyage pour lui rendre visite »,regrette Thomas Gruet,qui fera appel,à l’instar de ses confrères.
« Selon moi,dans cette affaire,les dés étaient pipés d’avance,renchérit Me Stéphane Bonomo. J’ai l’impression que le juge des libertés et de la détention avait une liste préalable de maisons d’arrêt en métropole et que l’affectation se fait au petit bonheur la chance. Pour moi,c’était cousu d’avance. » Me Christelle Affoue s’inquiète,elle,des droits de la défense,« avec nos clients en métropole et nous ici,ça va être très compliqué d’organiser une défense correcte ».
L’Union calédonienne,parti politique impliqué dans la création de la CCAT en novembre 2023,a exprimé sa « stupeur » vis-à-vis de cette « déportation en métropole ». « Les responsables de la CCAT ne sont en rien des commanditaires d’exactions mais aujourd’hui des martyrs de la justice coloniale »,a affirmé dans un communiqué l’organisation,composante la plus radicale du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS),qui réclame « l’annulation de cette déportation politique ».
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