Des milliers de Nigériens manifestent leur soutien au coup d’Etat militaire,à Niamey,le 6 août 2023. ISSIFOU DJIBO / EPA Cette éviction menaçait depuis des mois. Jeudi 20 juin,le groupe français Orano (ex-Areva) l’a annoncée par voie de communiqué : la junte au pouvoir au Niger a décidé de retirer au groupe français le permis pour une future exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren,dans le nord-est du pays,considérée comme l’un des gisements les plus importants au monde.
Depuis le début des années 2000,« Orano a investi plus de 1 milliard d’euros dans le projet »,explique le groupe au Monde. Après l’octroi,dès 2009,de ce permis,les travaux pour l’entrée en production auraient dû commencer « au plus tard en janvier 2011 »,rappelle le ministère des mines nigérien,dans une note publiée le 11 juin. Le contexte économique a vite entraîné la suspension du projet.
Depuis le début de l’année,il semble plus propice : sur le marché de gros,le cours de l’uranium,combustible pour les centrales nucléaires,a retrouvé des sommets sans précédent depuis 2007. Mais Orano,dont l’Etat français détient 90 %,fait les frais des tensions diplomatiques entre Paris et les putschistes ayant pris le pouvoir au Niger. La junte a renversé,en juillet 2023,le président élu Mohamed Bazoum,dernier allié de Paris au Sahel,qui reste pour l’heure détenu avec son épouse.
Début mai,le commissaire colonel Ousmane Abarchi,ministre des mines,s’est rendu à Imouraren,précise la note ministérielle du 11 juin. Toujours selon ce document,il a constaté que « les travaux d’exploitation n’ont pas commencé ». « Les infrastructures ont d’ores et déjà été rouvertes depuis le 4 juin »,soutient Orano,dans son communiqué du 20 juin.
Pour le groupe français,ce projet était censé être l’un des plus prometteurs. Selon les estimations faites à la fin de l’année 2023,avec plus de 34 000 tonnes d’uranium,ce gisement représentait à lui seul 16,5 % de toutes les réserves prouvées d’Orano,c’est-à-dire exploitables dans les conditions économiques et techniques du moment.
Présent au Niger depuis les années 1970,le groupe envisage de « contester la décision devant les instances judiciaires compétentes ». Selon des sources proches du dossier,toute l’activité du groupe dans le pays semble fortement compromise,y compris pour la mine en opération d’Arlit. Avec 1 130 tonnes extraites en 2023,ce site représente 16 % de la production totale d’Orano – celle-ci étant également réalisée dans deux autres pays,au Canada et au Kazakhstan.
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