Une manifestation contre la hausse du coût de la vie,à Paris,le 16 octobre 2022. JULIEN DE ROSA / AFP Des budgets d’augmentations de salaire à un niveau relativement haut,mais qui se stabilisent : c’est le constat de l’enquête sur les rémunérations publiée par le groupe WTW mercredi 31 juillet. Les salaires en France pourraient connaître une hausse médiane de 3,6 % en 2025,après 3,8 % en 2024,et 4,4 % en 2023,selon les réponses données par leur panel de mille entreprises en France (33 000 dans le monde) de différents secteurs et de différentes tailles (peu de TPE figurent cependant parmi les répondants) interrogées deux fois par an.
« C’est plus haut que ce qu’on constatait entre 2010 et 2020 avant la crise liée au Covid puis les niveaux inédits d’inflation : les budgets moyens d’augmentation étaient alors autour de + 2,5 %. Et c’est également plus haut que les prévisions d’inflation »,souligne Khalil Ait-Mouloud,directeur de l’activité enquête de rémunération chez WTW en France. Selon la Banque de France,après avoir atteint 5,7 % en moyenne annuelle en 2023,l’inflation pourrait en effet reculer à 2,5 % en 2024,puis à 1,7 % en 2025 et 2026.
« Il y a un phénomène de rattrapage : en 2023,l’inflation était telle que dans les discussions que nous avions avec les DRH,ils savaient qu’ils ne pourraient pas assumer des hausses de salaire à la même hauteur,au risque de mettre l’équilibre de leur entreprise en danger,explique M. Ait-Mouloud. Il leur fallait donc penser la compensation des pertes de pouvoir d’achat de leurs salariés à moyen terme plutôt qu’à court terme. »
L’évolution est globalement comparable dans les quinze principales économies mondiales,souligne l’enquête : la France compte,certes,parmi les budgets d’augmentation (c’est-à-dire le budget annuel consacré par l’entreprise à l’augmentation globale de sa masse salariale) les plus faibles,mais elle est aussi l’un des pays où l’inflation a été la plus contenue.
« Là encore,il a fallu le temps aux entreprises de s’adapter,estime Khalil Ait-Mouloud. Elles ont été surprises par les changements provoqués par la crise du Covid chez les salariés : de nouvelles attentes,des départs,des reconversions,qui se sont cumulés avec une situation de quasi-plein-emploi sur les métiers de cadres. » Si la rémunération reste le « facteur numéro un » pour rester dans une entreprise,d’autres éléments non monétaires se sont imposés dans les critères de choix des salariés,comme la flexibilité sur les horaires,mais surtout la possibilité de télétravail. « Ce dernier est vraiment entré dans les mœurs,c’est devenu une attente très importante formulée dès l’entretien d’embauche »,insiste M. Ait-Mouloud. Plus de la moitié des entreprises interrogées disent ainsi avoir déjà pris des mesures en ce sens. Et 41 % d’entre elles n’imposent même plus une présence régulière au bureau.
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