Le site de production de lithium d’Eramet,à Centenario-Ratones (Argentine),le 3 juillet 2024. LEANDO HERRERA / ERAMET L’usine fait près de 30 hectares de superficie,mais elle paraît presque minuscule au milieu de l’immense plaine désertique de la Puna Salteña. Au loin,les sommets de la cordillère des Andes rendent le décor encore plus irréel et l’espace à perte de vue,battu par le vent et le froid,donnerait presque l’impression d’évoluer sur une autre planète. C’est ici,dans le salar (désert de sel) de Centenario-Ratones situé à 3 870 mètres d’altitude dans la province de Salta,au nord-ouest de l’Argentine,que le groupe minier français Eramet a inauguré,mercredi 3 juillet,son usine d’extraction directe de lithium.
Le site industriel,présenté à l’occasion d’un voyage de presse auquel Le Monde a participé,est situé dans le « triangle du lithium » en Amérique latine,entre Argentine,Bolivie et Chili,qui concentre à lui seul plus de deux tiers des ressources mondiales de cet « or blanc »,métal stratégique essentiel pour la fabrication de batteries électriques. Les premières prospections du groupe ont été menées sur place en 2010,avant la création d’un site pilote en 2019,mis sous cloche en 2020 pendant la pandémie de Covid-19,et relancé dès 2021.
Pour développer son projet,Eramet s’est associé avec le géant chinois Tsingshan,spécialisé dans le nickel et l’acier inoxydable,pour créer une coentreprise,Eramine,détenue à 50,1 % par le groupe français et 49,9 % par son partenaire asiatique. Coût du chantier : 870 millions de dollars (804 millions d’euros),dont près des deux tiers (515 millions) ont été pris en charge par Tsingshan.
Le site d’extraction et de raffinage a été créé de toutes pièces,dans des conditions climatiques souvent extrêmes. Le chantier a consisté à creuser vingt-cinq puits de 20 centimètres de diamètre,espacés d’un kilomètre chacun et destinés à pomper le lithium dans des saumures à 400 mètres de profondeur. Et à bâtir l’usine de traitement et de raffinage du métal. Pour y parvenir,Eramet a dû construire sur place une piste d’atterrissage de 3,5 kilomètres de long,tracer des pistes pour acheminer matériels et employés,et faire venir le gaz par un pipeline de 320 kilomètres pour alimenter le site en énergie. Jusqu’à 1 600 personnes ont travaillé à la construction de l’usine. A partir de l’automne,elle devrait accueillir 350 employés – par roulement de moitié chaque semaine,dans un camp de vie sur place –,dont 80 % seront originaires de la province de Salta.
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