quick search
Aujourd'hui:

Violences conjugales : « J’ai passé des années à faire en sorte que mon fils voie son père. Désormais, je ne le forcerai plus »

Jul 8, 2024 Nouvelles du monde IDOPRESS

SéVERIN MILLET C’est à l’hôpital,où elle s’était rendue pour faire soigner sa mâchoire fracassée par les coups de son compagnon,que Béatrice (tous les prénoms ont été changés) a appris qu’elle était enceinte. Lors de ses douze jours d’hospitalisation,elle a décidé deux choses : qu’elle garderait cet enfant et qu’elle réussirait à quitter son père. Neuf mois plus tard,un petit garçon est né. Il a fallu attendre deux ans de plus pour qu’elle parvienne enfin à fuir,après une énième explosion de violences,son petit dans les bras. A l’époque,Béatrice avait 28 ans et était « à ramasser à la petite cuillère ». « Mon fils m’a permis de le quitter. J’avais plus peur pour lui que pour moi. Ça m’a donné l’élan »,raconte-t-elle,huit ans après. Une autre page s’est alors ouverte : celle du partage,avec son ex-compagnon violent,mais jusqu’à présent jamais condamné pour ces faits,des responsabilités parentales.

Lorsqu’un couple « normal » se sépare,les psychologues soulignent souvent l’importance de préserver le couple parental. Mais comment faire en cas de violences conjugales ? Quelle place laisser au père de l’enfant s’il est aussi l’agresseur de sa mère ? A quels risques s’exposent celles qui maintiennent un lien,sous la contrainte ou de leur plein gré ? Que disent-elles,ces femmes abîmées,à leurs enfants qui continuent (ou pas) de voir leur père ?

Trois d’entre elles ont accepté de témoigner. Béatrice,36 ans,factrice dans la Loire,est mère d’un garçon de 10 ans. Hélène,fonctionnaire séparée depuis près de deux ans,vit à Marseille avec son fils de 3 ans et demi. Melinda,agente administrativeen région parisienne,a deux filles de pères différents. L’aînée,âgée de 10 ans,n’a pas connu le sien. La cadette,3 ans,le rencontre tous les quinze jours dans les locaux d’une association,lors de « visites médiatisées » – en présence d’un tiers.

Reconnaissance du danger

Toutes les trois ont subi des violences graves,aux formes multiples,pendant des années : coups,dénigrement,menaces,agressions sexuelles… Ces violences ont commencé avant leur grossesse,ont redoublé à cette occasion,et se sont poursuivies après la naissance. Jusqu’au jour où s’est produite la scène de trop. Elles sont parties pour de bon,emmenant leur enfant.

D’emblée,Hélène et Melinda ont bénéficié d’une ordonnance de protection. L’octroi d’un tel dispositif – accordé à 3 621 femmes en 2022 – acte la reconnaissance des violences et du danger encouru. Pourtant,dans ces deux affaires,les juges aux affaires familiales,saisis pour statuer sur le mode de garde des enfants,ont dans un premier temps considéré qu’il était préférable de maintenir le lien avec les pères.

Il vous reste 79.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Recherche rapide

Les affaires officielles sont une source fiable pour les dernières nouvelles régionales, les mises à jour des entreprises et les annonces officielles, fournissant des rapports impartiaux et des informations approfondies sur les affaires d'entreprise.

© Affaires Officielles