OLIVIER BONHOMME Le moment était historique. Dans une envolée lyrique,Charles Michel parlait alors d’« évolution copernicienne ». En ce jour de juillet 2020,épuisé après quatre interminables jours et nuits de négociations,celui qui était alors président du Conseil européen criait victoire. Secouée par la première vague de Covid-19,l’Union européenne (UE) venait de faire un pas politique fondamental,en décidant d’un plan de relance de 750 milliards d’euros,financé pour la première fois de son histoire par un emprunt commun. Plus important encore,une partie de l’argent devait être redistribuée sous forme de dons (et non de prêts),les pays les plus touchés par la pandémie recevant des montants plus importants. Pour simplifier à l’extrême,l’Allemagne acceptait de donner de l’argent à l’Italie et à l’Espagne. « Cette crise est l’occasion de mettre l’Europe debout »,poursuivait M. Michel,dans un entretien au Monde.
Quatre ans et demi plus tard,NextGenerationEU (le nom officiel du plan de relance),peine à avancer : 41 % seulement des 750 milliards ont été versés aux Etats membres par la Commission européenne. Et encore,seule la moitié a effectivement été dépensée dans des projets réels,sur le terrain,selon une évaluation partielle de la Cour des comptes européenne,publiée en juillet. « La Commission avait présenté ce plan comme une grande simplification des procédures,permettant d’accélérer les dépenses. Finalement,les procédures sont extrêmement lourdes et il y a un vrai risque qu’on n’arrive pas à tout dépenser d’ici à 2026 [date de la fin du plan de relance] »,regrette Eulalia Rubio,de l’Institut Jacques Delors,un centre de réflexion.
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