La Banque de France s’en félicitait dans le dernier rapport annuel de son Observatoire de l’inclusion bancaire,publié en juin : l’encours total du microcrédit en France a dépassé pour la première fois 2 milliards d’euros,en 2023,avec une progression de 5 % par rapport à 2022 et de 52 % depuis 2018.
Cependant,ce montant représente pour l’essentiel des microcrédits professionnels,destinés à financer la création,le développement ou la reprise d’une petite entreprise. A l’opposé,le microcrédit personnel,qui permet à un public privé d’accès aux circuits classiques du crédit de concrétiser un projet d’insertion sociale ou professionnelle,reste à la traîne,avec à peine 125 millions d’euros d’encours.
Les microcrédits personnels,des prêts d’un montant plafonné à 8 000 euros sur une durée maximale de sept ans,« on en fait 20 000 par an,alors que l’on pourrait en faire 100 000 »,résume Etienne Depeyre,responsable du pôle émancipation financière au sein de la fédération d’associations Crésus.
Ce décalage s’explique en partie par l’évolution du soutien public au secteur : la gestion du fonds de cohésion sociale,dont l’une des missions est de garantir des microcrédits,a été transférée en 2020 de la Caisse des dépôts à Bpifrance,dont la politique est davantage tournée vers le soutien à la création et à la reprise d’entreprise.
A ces difficultés s’ajoutent des obstacles culturels,relève Philippe Assedo,chargé de la responsabilité sociétale des entreprises au sein de BNP Paribas Personal Finance. « Dans la culture française,le microcrédit professionnel est valorisant. Dire “je crée mon emploi à travers la création de mon entreprise”,c’est de la réussite positive. Le microcrédit personnel,lui,renvoie au surendettement : “j’ai un problème d’argent”. »
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