Figés. Tétanisés. Affolés. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale,le 9 juin,les acteurs économiques ressentent eux aussi le vent d’inquiétude qui souffle sur le pays. « J’ai fait mon pire mois de l’année,alors que d’habitude juin est une très bonne période »,soupire Bérangère Fagart,propriétaire de Sélune,un restaurant à Paris (11e arrondissement). Les Jeux olympiques,qui ont détourné des rues de la capitale une partie des touristes,ne suffisent pas à expliquer cette désaffection. « Les gens redoutent les discussions politiques,ils ont peur de se fâcher avec certains amis… Tout le monde est sur les nerfs. Alors,la facilité,c’est de rester chez soi en se disant que ça ira mieux demain »,avance la restauratrice.
En raison des incertitudes générées par la dissolution,« on a perdu déjà un trimestre de croissance »,a estimé François Asselin,le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises,sur BFM Business,mercredi 3 juillet. « Dans un environnement peu lisible,un entrepreneur se met en mode “pause” (…) avant d’appuyer sur le bouton pour investir,pour embaucher »,a-t-il expliqué. Un attentisme visible du côté des recruteurs. « 2024 avait très bien commencé. En mai,les volumes d’offres d’emploi ont bondi de 15,4 % sur notre plate-forme par rapport à l’an dernier. Après la dissolution,on tombe à − 5,5 %,relate David Beaurepaire,directeur délégué d’HelloWork. Cela représente 53 000 offres en moins. C’est la première fois qu’on constate une telle baisse depuis l’été 2021. »
Même chez un important recruteur comme Oui Care (O2,APEF,Autonomia…) spécialisé dans les services à domicile,on temporise. « Nous craignons des impacts directs sur notre rentabilité si le smic est porté à 1 600 euros,souligne Djamila Tedjani,DRH du groupe. Nous préférons ne pas prendre le risque d’embaucher de nouvelles personnes tant que nous sommes dans l’incertitude des décisions économiques du prochain gouvernement. »
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