Le pape François sur scène lors de la veillée des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) avec des jeunes dans le parc du Tejo,à Lisbonne,le 5 août 2023. MIGUEL RIOPA / AFP La sexualité fait débat dans toutes les religions. Sur ces questions,les autorités religieuses portent souvent un discours en décalage avec les évolutions d’une société occidentale sécularisée. Les fidèles peuvent alors rencontrer des difficultés à concilier leur vie sexuelle avec le respect des normes religieuses,ce qui donne parfois lieu à des accommodements variés.
La sociologue Marion Maudet,maîtresse de conférences à l’université Lumière-Lyon-II et au Centre Max-Weber,s’est intéressée en profondeur à la vie sexuelle et amoureuse de jeunes croyants français tiraillés entre ces deux tendances. Travaillant à partir d’enquêtes statistiques et d’entretiens réalisés auprès de catholiques et musulmans de 18 à 35 ans (voir encadré),elle en a tiré un ouvrage,Au commencement était le couple. Sexualité,amour et religion chez les jeunes (PUF,266 pages,23 euros).
Pour ce qui est de l’âge au premier rapport sexuel (17,6 ans pour les filles,17 ans pour les garçons en 2016,selon Santé publique France),de la pratique de la masturbation,de l’utilisation de moyens contraceptifs ou de la consommation de pornographie,les différences entre catholiques et sans religion sont ainsi devenues minimes,même si une minorité de jeunes catholiques très pratiquants se distingue des non-croyants,avec une entrée plus tardive dans la sexualité et un moindre nombre de partenaires.
Pour les jeunes musulmans,il est plus difficile d’identifier des évolutions,puisque l’on ne possède pas de données statistiques exploitables à leur sujet avant la dernière enquête actuellement disponible sur la sexualité des Français,réalisée en 2006 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Institut national d’études démographiques (INED).
Aujourd’hui,il semble néanmoins que la vie sexuelle des jeunes musulmans,et en réalité surtout des jeunes femmes musulmanes,se distingue légèrement de celle du reste de la population,avec un âge du premier rapport sexuel plus tardif (11 % des femmes musulmanes ont eu leur premier rapport sexuel avant 16 ans contre 30 % dans l’ensemble de la population),qui a lieu plus souvent avec un partenaire qui sera le conjoint,ou encore des pratiques sexuelles moins diversifiées (en particulier,toujours chez les musulmanes,une moindre pratique de la fellation et du cunnilingus).
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