L’information est confirmée avec d’infinies précautions,tant le sujet est ultrasensible dans le contexte actuel de l’offensive militaire israélienne à Gaza. Le groupe BNP Paribas a reconnu auprès du Monde qu’il finance la production d’armes de l’entreprise israélienne de défense Elbit Systems. Son nom était apparu dans un rapport de 2022 de la coalition « Don’t Buy Into Occupation »,qui regroupe 25 organisations palestiniennes et européennes,accusant la banque d’avoir prêté,entre 2018 et 2021,83 millions de dollars (76 millions d’euros) à Elbit. Un chiffre contesté par BNP Paribas,en désaccord avec la méthodologie employée.
La première banque européenne,qui ne précise pas la nature de ces financements à Elbit ni leur montant,ajoute qu’elle « finance exclusivement les exportations à destination de pays de l’OTAN » et ne finance « aucune production à destination d’Israël ». Une distinction qui,selon elle,est rendue possible grâce à une « politique sectorielle stricte qui va au-delà des exigences légales »,qui passe notamment par « plusieurs mécanismes » de surveillance afin de « contribuer au respect du traité sur le commerce des armes de l’Organisation des Nations unies [ONU] et de ne pas être complice des violations des droits de l’homme dans les conflits armés ».
Depuis le déclenchement de l’offensive militaire le 7 octobre 2023 sur la bande de Gaza,à la suite des massacres du Hamas dans le sud d’Israël,les entreprises de défense israéliennes ont réorienté une partie de leurs exportations pour répondre à l’important besoin en armes de Tsahal et compenser l’arrêt des exportations de plusieurs pays,comme le Canada,l’Espagne ou l’Italie.
Avec un chiffre d’affaires de près de 6 milliards de dollars en 2023,Elbit est le 21e producteur d’armes au monde. Son financement par la BNP Paribas est d’autant plus risqué que la Cour internationale de justice (CIJ) a établi,le 26 janvier,l’existence d’un « risque réel et imminent » de génocide à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Plusieurs entreprises ont depuis cessé leur collaboration avec Elbit,à l’instar du géant japonais du négoce Hitochu,en février 2024,qui a cité l’avis de la CIJ pour justifier sa décision,ou l’entreprise suisse de logistique Kuehne + Nagel.
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