Lauriane Nicol,créatrice de « Lesbien Raisonnable »,à Paris,le 10 décembre 2024. MANON CHEMINEAU POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
Porte-voix féministe
Finistérienne de naissance,Parisienne d’adoption,Lauriane Nicol a fondé en 2017 le média en ligne Lesbien raisonnable. Sous la forme d’une newsletter et d’un site Internet d’abord,qu’elle agrémente en 2018 d’un compte Instagram où elle comptabilise aujourd’hui 32 000 abonnés. Ces outils,la jeune femme de 34 ans les conçoit à la fois comme un média culturel et un relais des luttes féministes. « Je ne peux pas m’empêcher d’être militante,c’est dans mon ADN. Les lesbiennes ont toujours été engagées dans les luttes féministes. »
Soutien d’Adèle Haenel depuis que l’actrice a révélé,en novembre 2019,à Mediapart avoir été victime d’agressions sexuelles alors qu’elle était encore mineure,marquant le début du #MeToo du cinéma,Lauriane Nicol était présente,avec plusieurs associations féministes,les 9 et 10 décembre devant le tribunal correctionnel de Paris,où le réalisateur Christophe Ruggia était jugé pour ces faits.
Cheffe de file de la « Portrait Nation »
C’est à la sortie de Portrait de la jeune fille en feu,de Céline Sciamma,ode à l’amour lesbien avec Adèle Haenel et Noémie Merlant,que Lesbien raisonnable acquiert,fin 2019,une forte audience. Lauriane Nicol devient la cheffe de file de la « Portrait Nation »,une communauté en ligne de fans qui se constitue autour du film et de ses références. Elle s’est ainsi tatouée « Page 28 » en hommage à une des scènes finales.
L’engouement pour cette œuvre,nommée dix fois aux Césars,prend,en février 2020,une tournure politique. Alors que le prix de la meilleure réalisation est décerné à J’accuse,de Roman Polanski,réalisateur condamné par la justice américaine pour avoir eu un rapport sexuel avec une mineure,Adèle Haenel quitte la Salle Pleyel en s’exclamant « La honte ! (…) Bravo la pédophilie ! » Une scène que Lesbien raisonnable relaie le lendemain sur les réseaux.
Militante du combat pour la visibilité
Se définissant comme une « born this way » – autrement dit,« lesbienne de naissance » –,Lauriane Nicol a longtemps ressenti le « drame de se construire sans modèle ». Blessée par l’invisibilisation des lesbiennes et les représentations caricaturales – comme celle d’Amélie Mauresmo dans « Les Guignols de l’info » au début des années 2000 –,elle réfléchit à ce qui lui manquait : un média léger,comme sait l’être la presse féminine,auquel elle pourrait s’identifier. Pensé comme le « Voici du Gouinistan »,Lesbien raisonnable ressemble aujourd’hui davantage à un « Télérama lesbien ». « Une question d’âge sûrement »,plaisante-t-elle.
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